UN « 14 JUILLET » DÉDIÉ À L’OTAN !
14 juillet 2022 at 4:44 Laisser un commentaire
Au début de son premier quinquennat, Emmanuel Macron avait ébloui Donald Trump en l’invitant au défilé militaire du 14 Juillet : « Ce fut l’un des grands jours de ma vie ! », commenta même le « Chef du monde libre ». À l’aube de son second mandat, le Président de la République se devait de rééditer son exploit, en mettant à l’honneur, cette fois, d’une part, les troupes de la mission « Aigle » -la Force de réaction rapide de l’OTAN déployée en Roumanie, dont la France assure le commandement du « bataillon d’alerte »- et, de l’autre, des soldats de pas moins de 9 pays d’Europe centrale et orientale, parmi lesquels les plus fervents supporters de l’Alliance militaire occidentale. On espère en haut lieu que cette démonstration de force -6300 soldats, 71 avions, 25 hélicoptères, 221 véhicules et 200 chevaux de la Garde républicaine, sans oublier le nouveau commandement de l’espace ni l’équipage d’un sous-marin nucléaire d’attaque…- aura ancré dans l’esprit de ces alliés suspicieux l’image d’une France de 2022 n’ayant décidément plus rien à voir avec celle de 2021 qui jugeait l’OTAN « en état de mort cérébrale », mais bien celle d’un allié de poids au service d’une OTAN forte et unie.
C’est que son rêve de puissance se heurte, dans le nouveau contexte stratégique européen, à forte compétition. « La France doit redevenir une grande puissance (…) Notre armée (…) demeurera la première armée européenne, la deuxième armée du monde libre », proclamait-il peu après son élection (1). La cause semblait entendue avec la proclamation, le 14 juillet suivant, par le Président de la République, de la Loi de programmation militaire 2019-2025, prévoyant la mobilisation inouïe de 295 milliards d’euros « pour réparer et moderniser les armées » (soit l’équivalent d’une année entière de recettes fiscales nettes de l’Etat : impôt sur le revenu, TVA, impôt sur les sociétés…) ! Mais c’était sans compter avec la militarisation galopante des principaux Etats européens, engagée depuis plusieurs années mais accentuée par la guerre russo-ukrainienne… et l’instrumentalisation de ce conflit au service de la même illusion de « puissance » que celle crânement affichée par Emmanuel Macron dès 2017.
À l’instar d’un Le Drian se bombant le torse, naguère, en annonçant, sans craindre le ridicule : « En 2019, nous aurons 187 000 soldats, alors que la Grande-Bretagne n’en aura que 145 000 et l’armée allemande moins aussi », le Chancelier allemand, Olaf Scholz, fort de son « fonds spécial » de 100 milliards d’euros au profit de la Bundeswehr, a annoncé fin juin, avant de s’envoler au Sommet de l’OTAN, que son pays allait se doter de « la plus grande armée conventionnelle dans le cadre de l’OTAN en Europe »…Quant à Boris Johnson, il n’avait pas attendu l’invasion de l’Ukraine, pour décider d’augmenter de 45% l’arsenal nucléaire britannique ! Il n’en fallait pas plus pour qu’Emmanuel Macron prévoie une « réévaluation » supplémentaire du budget des armées ! Où va s’arrêter cette surenchère suicidaire ? « C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles » (William Shakespeare).
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(1) Entretien dans « Le Point » (31/8/2017)
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