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REAGIR !
Nous avons connu des périodes plus enthousiasmantes…Nous assistions déjà jour après jour au chantage ignoble exercé par les grands argentiers européens sur les nouveaux représentants élus du peuple grec. Et voilà qu’en plus, en moins d’une semaine, trois événements -certes de nature différente- nous ont, tour à tour, profondément affectés: le triomphe de Nétanyahou en Israël; le terrible attentat terroriste de Tunis; le score de l’extrême droite en France. Face à chacun de ces chocs, une même exigence s’impose : réagir !. Ces épreuves doivent être l’occasion, pour le « peuple de gauche » d’un examen de conscience lucide et de choix courageux : avons-nous fait tout ce qui dépendait de nous pour éviter qu’on en arrive là ? Et surtout, sommes-nous prêts à ne plus laisser passer les multiples lâchetés qui ont contribué à nous conduire là où nous sommes aujourd’hui ?
Nétanyahou tout d’abord. Rappelons les « arguments » qui lui ont permis d’arracher la victoire en mobilisant in extremis la frange la plus ultra de la société : l’engagement ferme de s’opposer à la création d’un État palestinien; la promesse de poursuivre la colonisation des territoires occupés; l’appel raciste à faire front face à la « menace » d’un vote massif des « Arabes » (israéliens) ! Autour de nous, des protestations s’expriment. Peut-on s’en contenter ? Certainement pas. Quiconque se réclame de la gauche devrait enfin -au nom du simple droit international- exiger que cesse l’indécente complaisance dont ce personnage, passible de la Cour pénale internationale, sait bénéficier de la part de tous les dirigeants occidentaux, français compris ! A quand l’ouverture d’un débat sur la révision stratégique qui s’impose ?
La Tunisie ensuite. Voilà une société d’un pays arabe qui pousse plus loin que tout autre l’expérience d’un processus démocratique et qui, pour cette raison même , est la cible des pires forces obscurantistes , intérieures et extérieures. Là aussi, tout le monde ou presque en convient. Mais, pour autant, le compte n’y est pas ! D’où viennent ces « djihâdistes »? Vraisemblablement de la Libye voisine. Or, l’effondrement de ce pays est le fruit de l’aventure militaire occidentale de 2011. C’est elle qui a fait de la Libye un pourvoyeur sans fin de combattants extrémistes pour toute la région. Ceux qui sont à l’origine de ce fiasco , ou l’ont cautionné cette initiative désastreuse, ont des comptes à rendre ! (1) Comment gérer le monde pour tarir les sources de violences au lieu de les alimenter : ce débat de fond doit avoir lieu. À la gauche tout entière de réclamer avec force, non les guerres sans fin, mais un effort exceptionnel , tant français qu’européen, de coopération au développement digne de ce nom entre les deux rives de la Méditerrannée.
Que dire enfin après le score effrayant de l’extrême droite dans un pays à la fière devise républicaine…Tout le monde le sait : le meilleur rempart contre le délitement de pans entiers d’une société, c’est l’éradication du chômage, de la pauvreté, des inégalités; c’est la promotion des capacités humaines; c’est une authentique démocratie citoyenne; c’est l’ouverture de perspectives d’avenir. Et c’est aussi une saine bataille d’idées sur les conditions du « vivre ensemble » dans le monde d’aujourd’hui, fait de mobilité, d’interdépendances et de mixité culturelle. Or, sur tous ces terrains , que de reculs à gauche ! Peuple de gauche, manifeste-toi et fais vivre tes valeurs !
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(1) Nous écrivions ici même il y a près de quatre ans, à propos du bilan, hélas provisoire, de cette guerre engagée quatre mois plus tôt par Nicolas Sarkozy (et soutenue par François Hollande) : »un pays dévasté; des plaies ancestrales rouvertes; un risque de partition sinon de chaos à la somalienne… » (HD 31/7/2011) Nous y sommes.
MERCI ZAHIA ZIOUANI !
Les soulèvements populaires en Tunisie puis en Egypte ont suscité en nous toutes et tous émerveillement,respect et espoir.Qui,après cette (re)découverte,n’a pas envie de faire quelque chose pour le rapprochement des peuples des deux rives de la Méditerranée, dans toute leur diversité? Là où l’Union européenne a lamentablement gâché cette chance en menant dans l’impasse du libre-échange et de la chasse aux migrants aussi bien son projet « Euromed » lancé en grande pompe en 1995 que l' »Union pour la Méditerranée » portée sur les fonds baptismaux par Nicolas Sarkosy en 2008,de simples citoyens ou citoyennes,sans moyens mais riches de leur générosité et de leur passion, réussissent des prodiges sous nos yeux.
J’ai la chance de connaitre l’une de ces batisseuses de passerelles et je brûle de la présenter à qui ignore l’étonnante saga qu’elle est en train de faire naitre. »Elle »? C’est Zahia Ziouani,jeune et talentueuse Chef d’orchestre à qui une réalisatrice,Valérie Brégaint,a eu l’idée lumineuse de consacrer un film, à voir absolument. ARTE a eu l’heureuse initiative de le diffuser lundi dernier,malheureusement à une heure où beaucoup de téléspectateurs ont tendance à tourner le bouton.(1)Espérons que d’autres occasions seront créées pour offrir à un plus large public l’occasion de s’imprêgner de ce message d’humanité.
Qui est Zahia? Fille de parents algériens vivant en France, musicienne depuis l’âge de huit ans,elle dirige le Conservatoire de Stains, en Seine-Saint-Denis-une ville et un département où elle s’épanouit, comme le révèlent les images saisissantes d’une Fête de la Musique particulièrement conviviale sur la place de la Mairie. C’est dans cette ville qu’elle fait découvrir la beauté de la musique symphonique à d’adorables petits apprentis-instrumentistes de toutes origines,subjugués tant par le charme de leur cuivre ou de leur violon que par la gentillesse et le tempérament de leur « Chef ». Et c’est également là qu’avec une souriante autorité naturelle elle dirige la centaine de musiciens confirmés -dont son inséparable soeur jumelle Fettouma- de son propre orchestre symphonique (« Divertimento »). Mais le film nous transporte aussi au coeur d’Alger où Zahia,qui n’oublie pas sa double culture,tient au bout de sa baguette…l’Orchestre Symphonique National ,avant de se faire aduler par les gens de la rue, trop heureux de reconnaitre « leur » Chef d’Orchestre.Emouvant moment de bonheur,aussi,quand trois générations de cette famille si attachante se retrouvent dans la fascinante capitale algérienne, savourant le plaisir simple d’être ensemble.
Magnifique parcours que celui de Zahia! Comme l’a fait remarquer le Directeur de la Cité de la Musique, à Paris, il s’agit d’une profession « où l’on est considéré jeune jusqu’à 60 ans » et « en pleine maturité » au-delà, mais où des Chefs déjà reconnus sont rares à l’âge de Zahia…et les femmes quasi-inexistantes.C’est dire la perspective qui attend la brillante et modeste « Chef d’Orchestre entre Paris et Alger ». Merci Zahia: que votre exemple serve de leçon à qui veut unir vraiment les peuples et les cultures des deux rives de « Notre Mer ».
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(1) »Zahia Ziouani:une Chef d’Orchestre entre Paris et Alger ».




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