GAUCHE EUROPÉNNE: LE CAS DE CHYPRE
21 octobre 2010 at 8:18 Laisser un commentaire
Dans six semaines se tiendra, pour la première fois à Paris, le congrès du Parti de la Gauche européenne (PGE). Le contexte des mobilisations sociales en France mais aussi dans d’autres pays contribuera sans nul doute à poser avec force, à cette occasion, la question clé des perspectives politiques à ouvrir à gauche pour sortir par le haut de la crise de système dans laquelle toute l’Union européenne s’enfonce sous nos yeux. Le PGE compte une trentaine de partis membres ou observateurs. Certains d’entre eux sont relativement peu connus en France et méritent pourtant qu’on s’y intéresse. Le cas le plus typique, à cet égard, est le parti AKEL de Chypre. Je vais m’y arrêter aujourd’hui.
Voilà une île qui occupe une position stratégique à l’Est de la Méditerranée, devenue, en 2004, membre de l’Union européenne et, plus récemment, de la zone euro. Intégrée à l’empire ottoman pendant trois siècles (1571-1878) puis colonisée par la Grande Bretagne -qui y possède toujours deux bases militaires- Chypre ne s’est vue accorder l’indépendance qu’en 1960 et encore dans des conditions très défavorables qui donnèrent lieu à des conflits entre les deux principales composantes du peuple chypriote: les Gréco-Chypriotes et les Turco-Chypriotes. Cette crise culmina, en 1974, avec le coup d’Etat fasciste des colonels grecs et l’invasion de l’île par l’armée turque. 36 ans après, cette plaie est toujours ouverte: 40 000 soldats turcs occupent le nord du pays (plus du tiers du territoire), des dizaines de milliers de colons venus de Turquie, ont été installés dans des propriétés appartenant à des Chypriotes grecs. 170 000 Chypriotes des deux communautés sont toujours réfugiés dans leur propre pays. La grande question à l’ordre du jour reste, aujourd’hui, celle de la réunification de l’île, de la restauration de l’intégrité territoriale et de la souveraineté politique. Des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unie en définissent les principes. Des accords entre les leaders des deux communautés en précisent le cadre depuis plus de trente ans. Et portant, rien n’avance. En 2004, une tentative de compromis a été jugée trop favorable à l’occupant par une grande majorité des Chypriotes grecs et échoua. Depuis 2008, des discussions ont repris entre les deux parties, sous l’égide des Nations Unies.
Tout faire pour rapprocher les deux communautés, obtenir le départ des troupes d’occupation, établir un Etat réunifié sous la forme d’une fédération dans laquelle Greco-Chypriotes et Turco-chypriotes bénéficient de l’égalité politique, trouver une solution acceptable au problème des réfugiés et des colons dans le respect du droit international – et, en même temps, lutter pour plus de justice sociale dans un pays marqué par une longue tradition libérale à l’anglo-saxonne, voilà la tâche herculéenne que s’est fixée le parti AKEL, notre partenaire. AKEL est, en effet, le continuateur du Parti communiste de Chypre, fondé en 1926 et qui a changé de nom en 1941. Il est aujourd’hui, avec quelque 35% des voix et 15 000 adhérents pour une population de l’ordre de 700 000 habitants, la grande force démocratique du pays. A la tête des principales villes de l’île, – dont la capitale, Nicosie – il a également remporté l’élection présidentielle en 2008. Le Président Demetris Christophias est, avec le Secrétaire général du Parti AKEL, Andros Kyprianou, l’homme le plus populaire de la République. Bienvenue à AKEL au 3ème Congrès du PGE, à Paris!
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