SORTIR DE LA « GUERRE DES MONNAIES »

14 octobre 2010 at 9:14 1 commentaire

Ce qu’on appelle déjà la « guerre des monnaies » -et qui est avant tout le duel dollar/euro- doit attirer notre attention sur l’importance qu’il y a  à changer en profondeur la politique monétaire européenne. Depuis des mois, la Banque centrale des Etats-Unis (FED) fait marcher la planche à billets, provoquant sciemment la baisse du dollar. Le but poursuivi par les autorités américaines est de rendre plus faciles les exportations et de tenter ainsi de relancer leur économie malade, non par la coopération mais par la domination. Washington reste, à cet égard, fidèle à la célèbre devise du Secrétaire au Trésor de Richard Nixon: « le dollar est notre monnaie mais votre problème ». Or, dans le même temps, en Europe, tout se passe comme si la Banque centrale (BCE) laissait faire, délibérément, trop contente de pousser l’euro à la hausse.

Une telle politique attire les capitaux -c’est le but de la BCE- mais elle a un, coût très élevé pour les peuples, ce qui n’émeut guerre M. Trichet, son président. « La zone euro vient de perdre cinq années de gains de productivité au cours des deux derniers mois » analyse un expert[1]! Mesure-t-on ce que cela veut dire? Que de sacrifices ont-ils été exigés des salariés européens au nom de la nécessité de gagner en « productivité » dans la concurrence mondiale! On aura trimé pour l’euro fort: Louis Gallois, le patron d’EADS, prévient pour sa part que si l’euro atteint la valeur de 1,50 dollar à la fin de cette année, comme on l’annonce, on ne pourrait plus fabriquer d’Airbus en zone euro! D’autres analystes laissent entendre que l’actuelle hausse de l’euro fera sentir ses effets sur le commerce extérieur en 2012 et que cela annonce un surcroit de mesures d’austérité pour le budget de l’Etat… On imagine, en outre, l’avalanche de reculs sociaux que directoires d’entreprises et de gouvernements sans scrupules justifieraient par cette « contrainte extérieure » contre laquelle on ne pourrait rien.

Mais justement, si! On peut et on doit faire d’autres choix de politique monétaire. Une monnaie européenne n’a de sens que si elle permet de ne pas subir,  les pressions déstabilisatrices de la mondialisation libérale.   Autrement dit, si elle favorise le  développement de l’emploi et la promotion d’un modèle social avancé en Europe, et si elle donne à l’Union européenne la capacité de coopérer efficacement avec tous les partenaires intéressés à œuvrer à de nouvelles règles dans les relations européennes internationales.

C’est le sens des propositions faites de longue date par les économistes communistes -aujourd’hui fort heureusement rejoints par d’autres- en faveur d’une refonte des missions et des statuts de la BCE, d’une nouvelle orientation du crédit bancaire (en faveur de l’emploi, de la formation, de la protection de l’environnement, de la recherche), de l’instauration d’un contrôle démocratique de la BCE, d’une intervention forte de l’Europe contre l’hégémonie monétaire américaine et pour l’émergence d’une vraie monnaie commune mondiale. La perspective d’une « guerre des monnaies » renforce l’urgence d’un débat de fond sur ces alternatives.


[1] Patrick Artus (Les Echos 8/10/2010)

Entry filed under: BCE, Chroniques de l' "Humanité-Dimanche, Francis Wurtz, Francis Wurtz Le Blog, Franciswurtz.net, UE.

LA GAUCHE EUROPEENNE FACE A SES RESPONSABILITES GAUCHE EUROPÉNNE: LE CAS DE CHYPRE

Un commentaire Add your own

  • 1. Lefevre michel  |  14 octobre 2010 à 11:02

    merci pour cette explication claire, sur ce monde malade de la guerre des monaies. oui le malheur c’est que notre pays le paie par la destruction de notre tissu industriel.
    en 2012 si la gauche revient aux affaires il faut renverser la vapeur avec force et détermination.
    Le gouvernement actuel et son representant supreme,ne font rien pour que cela change on ce demande si la France n’est pas bradé sur les marchés financiers !au grand bonheur de cette oligarchie des décideurs de ce pays.Le malheur s’abat sur nous sur la classe laborieuse,on déchire le lien social comme sans précédant.
    j’ai 70 ans et j’ai peur pour mes petits enfants,quelle société va t’on leur transmetre.

    Réponse

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