IL Y A 40 ANS ÉCLATAIT LA CRISE DES EUROMISSILES
7 septembre 2017 at 1:08 Laisser un commentaire
C’est l’affaire d’une décennie de tensions politiques et d’escalade militaire entre l’Est et l’Ouest , mais aussi de spectaculaires mobilisations pacifistes qui marquèrent toute une génération : la crise des euromissiles (1977-1987). A l’heure où s’aiguisent à nouveau, malgré les bouleversements géopolitiques intervenus entre-temps, les affrontements Est-Ouest, il n’est pas superflu de rappeler qu’en politique internationale, rien n’est jamais fatal, dès lors que les peuples se mobilisent. Septembre 1977: l’Union soviétique -estimant ne violer en rien les Accords de désarmement SALT 1 de 1972- décide d’installer des missiles balistiques de portée intermédiaire (500 à 5000 km, mais ne visant que des cibles militaires) , les fameux SS 20, sur son territoire . Le premier responsable politique occidental à réagir est le Chancelier social-démocrate allemand, Helmut Schmidt. Il plaide auprès du Président démocrate américain Jimmy Carter en faveur du renforcement du dispositif nucléaire US en Europe occidentale.
Il regrettera bientôt amèrement la fuite en avant belliciste que sa démarche engendra. Car au mesuré Carter succédera l’ultra Ronald Reagan, tout à sa croisade pour la « guerre des étoiles » contre l' »Empire du mal ». Helmut Schmidt finira (un peu tard) par s’opposer publiquement à la stratégie agressive de la Maison Blanche . « Je trouverais plutôt difficile (…) de dire aux Allemands qu’ils ont besoin d’ajouter de nouvelles fusées aux 6000 têtes nucléaires déjà installées en Allemagne occidentale (…) La plupart des Américains n’ont pas à vivre avec 6000 missiles dans leur voisinage immédiat » déclare-t-il au Washington Post en mai 1983 (soit quelques mois après avoir été chassé du pouvoir par le conservateur Helmut Kohl) ajoutant, pour dissiper toute ambiguïté sur sa nouvelle position : « Je ne suis pas encore convaincu que les Américains négocient sérieusement » avec les Soviétiques. « Nous, Européens, nous voulons négocier avec les Soviétiques, notamment pour la réduction des armements » ajoute encore M. Schmidt, avant d’enfoncer le clou : « Dans certains cercles américains, le mot « détente » apparaît comme un mot obscène ».(1) On sait que François Mitterrand, quant à lui, prendra fait et cause pour l’installation des missiles américains Pershing et Cruise en Europe et se rendra au Bundestag pour prêter main forte au Chancelier atlantiste. Face à cette coalition hétéroclite, des centaines de milliers de manifestants de la paix envahiront les rues de toutes les grandes villes occidentales , faisant émerger une génération « antimissiles » .La crise s’achèvera s’achèvera en 1987 avec le retrait des missiles tant américains que soviétiques.
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(1) Interview du 22/5/1983, citée par Claude Julien dans le Monde Diplomatique (octobre 1983).
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