LES CITOYENS, LES MARCHÉS ET LA GAUCHE
6 juin 2011 at 9:26 Laisser un commentaire
« Après avoir annoncé le 2 avril (2011) qu’il ne briguera pas un troisième mandat en 2012,le premier ministre (espagnol)Zapatero a maintenant les coudées franches pour prendre les mesures qui s’imposent. »Voilà ce qu’on pouvait lire il y a quelques semaines sur un site spécialisé destiné à l’ « éllite financière »…Les marchés applaudissaient à la décision du leader socialiste de s’être ainsi libéré de la pression de ses electeurs, car cela allait lui permettre d’ « accélerer les réformes ».Déjà deux mois plus tôt,le chef du gouvernement espagnol s’était attiré (de ce côté-là) tous les éloges lorsqu’il avait réussi à arracher aux dirigeants syndicaux « amis » un accord sur le passage à 67 ans de l’âge de départ à la retraite. Angela Merkel fit même le voyage de Madrid, le lendemain, pour féliciter son dévoué collègue. Ne venait-il pas de démontrer sa capacité à brider les velleités de révolte de son peuple contre les « réformes » nécessaires ?
L’on ne peut s’empêcher de repenser à ces épisodes peu glorieux en mesurant la portée historique de la défaite du PSOE lors des récentes élections locales et régionales et surtout de l’éclosion dans toutes les grandes villes espagnoles du mouvement des « indignés »,réclamant la fin de la « dictature des marchés » et une « démocratie réelle ».Au vu de la surdité du gouvernement socialiste aux attentes de son peuple et des limites des luttes syndicales -aussi indispensables soient-elles – ,voilà que sonne l’heure de la recherche de réponses politiques neuves. »L’intrusion du risque politique dans la crise de la zone Euro la rend inextricable » commenta un haut cadre d’une grande banque française!
Panique sur les marchés découvrant que même les gouvernements les plus dévoués ne parviendront peut-être pas à leur donner satisfaction. Aussitôt,les taux des obligations espagnoles se sont envolés; les agences de notation ont mêmes sanctionné l’Italie et la Belgique dont ils ont subitement mesuré l’inqiétante fragilité politique. Quant à la Grèce,si ni le Pasok socialiste ni la droite ne s’avéraient crédibles aux yeux des marchés,c’est à un « gouvernement d’experts » ou à une « Agence indépendante » que certains songeraient pour faire entendre raison au peuple révolté.
Que révèle en fait cette impasse ? L’entrée dans une période où tout à la fois les tenants du pouvoir s’arc-bouttent sur leurs certitudes, tandisqu’au coeur des sociétés les aménagements à la marge sont de plus en plus perçus pour ce qu’ils sont: une illusion,et la recherche de solutions de fond rompant avec les structures mêmes du système en place gagne spectaculèrement du terrain parmi de nombreux citoyens et citoyennes.
N’ayons crainte, dans ce contexte, en même temps que d’écouter et d’apprendre de ces nouveaux mouvements,de paraitre nous répéter en versant au débat des propositions déjà maintes fois avancées, telles celles qui touchent à une transformation des missions de la Banque centrale européenne et du rôle de l’Euro pour briser la dépendance à l’égard des marchés financiers.La BCE peut et doit user de son pouvoir de créer de la monnaie pour acheter des titres de dette publique et financer en priorité les projets axés sur le développement social et le service public. L’heure est aux débats de fond, au coeur des luttes, pour unir tous les « indignés » sur des solutions d’avenir.
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