TROIS PISTES CONTRE LA CRISE
25 août 2011 at 12:53 1 commentaire
Faut-il que l’actuelle Union européenne soit moribonde et sa légitimité épuisée parmi les citoyens pour qu’un Jacques Delors,l’un des concepteurs du marché unique,de la libre circulation des capitaux,de la monnaie unique,de la Banque centrale européenne (BCE) « indépendante »…en viennne à affirmer que « l’euro et l’Europe sont au bord du gouffre » et à qualifier de « gadget farfelu » une proposition solennelle de Jean-Claude Trichet, le président de la sacro-sainte BCE ( il s’agit de l’idée de nommer un ministre européen des finances doté d’un droit de veto sur des décisions des Etats membres!)!Ce type d’épisode en dit long sur le désarroi qui rêgne désormais aussi bien parmi les dirigeants de cette « Union » que chez les idéologues d’une construction en situation de pré-implosion.
Cette situation,tout à la fois,recelle de grands dangers et peut ouvrir des opportunités à l’action pour un vrai changement.Les dangers sont évidents:celui d’une fuite en avant sans limite autre que celle de la résistance des peuples dans des politiques de régression sociale phénoménales,mais aussi,et de plus en plus,celui d’un démontage sans précédent depuis la création de la Communauté européenne de fondements essentiels de la démocratie et de la souveraineté,au nom de la nécessité de « rassurer les marchés ».Les « propositions » pernicieuses qui circulent de toutes parts à cet égard sont à décrypter avec soin et à combattre résolument.
Qu’en est-il à présent des « opportunités » à saisir pour faire partager largement des idées alternatives?Les décideurs actuels et leurs idéologues perdant tous les jours un peu plus de leur crédibilité auprès des Européens, et les mesures préconisées étant aux antipodes des attentes populaires et citoyennes,les idées alternatives,pour peu qu’elles aillent au fond des problèmes et prennent en considération les exigences légitimes qui montent de toutes les sociétés européennes,sont susceptibles de recueillir un écho tel qu’elles peuvent devenir incontournables.L’exemple de la taxation des transactions financières,dont le principe est aujourd’hui retenu par ceux-là même qui naguère en écartaient l’idée d’un revers de manche,est éclairant. Une fois la brèche ouverte,les luttes peuvent permettre de l’élargir toujours plus.Cela ne vaut pas que pour la « taxe Tobin ».
Parmi toutes les mesures alternatives en débat, certaines paraissent particulièrement rassembleuses dans le contexte présent. Citons trois pistes.
Le refus de l’austérité,tout d’abord,qui,en plus d’être profondément injuste,est à l’opposé d’une solution à la crise.La logique alternative passe par une profonde réforme fiscale;une nouvelle politique du crédit (le crédit sélectif,favorable aux investissements créateurs d’emplois et très dissuasif en cas d’opérations financières);le développement des services publics;la responsabilisation des entreprises en matière d’emploi,de formation,de salaire,d’environnement.
La mise en cause de la toute-puissance des marchés financiers,ensuite.A cet égard,l’interdiction des parafis fiscaux et l’interdiction des instruments purements spéculatifs est nécessaire mais pas suffisant. Il faut le recours au pouvoir (illimité !) de création monétaire de la BCE. Celle-ci peut, en plus de l’achat de titres publics,assurer,sans risque d’inflation non maitrisée,assurer le financement (par prêts à des taux très faibles voire nuls et à long terme) d’investissements publics massifs en faveur du développement social et écologique.La constitution de pôles financiers publics va dans le même sens. De même que l’organisation d’une bataille internationale pour mettre en cause la domination du dollar.
Le troisième axe allant de pair avec tout ce qui précède est la défense et la promotion des droits démocratiques,depuis les droits d’intervention des salariés dans les entreprises jusqu’à l’exercice effectif de la citoyenneté dans la vie sociale,y compris en matière de souveraineté nationale. Cette fois , l’Europe est bien placée devant un choix de civilisation.
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1.
VIALLE Frédéric | 25 août 2011 à 1:46
Incontestablement tu as raison Francis, mais que dire à certains de nos camarades qui ne voient pas d’issue avec l’Union Européenne ? Car pour mettre en place les trois mesures alternatives dont tu parle, il faut avoir le pouvoir, du moins un poids bien plus important que celui du groupe GUE au parlement Européen ! Ton article me fais réagir car il est en correspondance avec l’intervention d’un élu de la Haute-Vienne, aujourd’hui dans L’Echo qui propose une sortie de l’Euro, sinon de l’Europe pas moins ! Cet élu qui siège dans notre groupe « ADS Terre de gauche » critique très clairement une intervention de Yves Dimicoli parue dans L’Echo la semaine dernière. Sont intervention porte essentiellement sur les réponses que le PCF pense apporter à la situation et trouve que « l’hypothétique création d’un fonds social et solidaire pour le développement européen » n’est pas suffissant sans remettre en cause Maastricht, l’Euro et le traité de Lisbonne ! Il pense, en conclusion qu’on ne pourra pas conduire une vraie politique de gauche dans le cadre des traités européens existants et propose un débat sur cette question. Quel est ton sentiment là dessus, car en temps que militant communiste, j’ai du mal à trouver les arguments, car je vois bien que dans certains cas l’UE effectivement, est un frein supplémentaire à toute politique ouvertement anti-libérale ? Avec mes remerciements.
Fraternellement.
Frédéric VIALLE
Limoges.