LA TROÏKA ET LE KAPO
20 juin 2013 at 9:14 Laisser un commentaire
Jusqu’à quelles extrémités laissera-t-on dériver les sinistres apprentis-sorciers qui ont accaparé les principaux leviers de commande de l’Union européenne en général et ceux de la zone euro en particulier ! Avec la fermeture brutale de la télévision publique grecque – fait sans précédent en Europe – leur fuite en avant vient de franchir un seuil d’alerte qui interpelle tout citoyen , toute citoyenne attachés à la démocratie, à plus forte raison à une construction européenne respectueuse des peuples et des nations. Certes,loin de moi la tentation de minimiser la responsabilité – écrasante – du chef du gouvernement d’Athènes, ce petit Thatcher grec, dans l’inqualifiable coup de force du 11 juin 2013 ! La mise à mort, en l’espace de quelques heures, de cinq chaînes de télévision , de sept radios nationales, de dix-neuf radios régionales couvrant jusqu’à la dernière île du pays, d’une radio internationale, de plusieurs orchestres et des archives audiovisuelles, c’est lui! Le licenciement sans préavis des quelque 2700 salariés, dont 680 journalistes, qui ont fait vivre une institution publique que même la dictature des colonels n’avait pas osé éliminer , c’est lui! Et il faut espérer qu’il ait un jour à répondre de cet attentat contre la démocratie devant la justice de son pays.
Mais si le chef de la droite grecque est l’exécuteur zélé des basses œuvres , les commanditaires siègent à Bruxelles (La Commission), à Francfort (La Banque centrale européenne ) et à Washington (Le Fonds monétaire international). La troïka a besoin de kapos pour parvenir à ses fins. C’est elle qui, après avoir épuisé le peuple et le pays en leur imposant , à coup de chantages financiers à répétition , une cascade infernale de régressions sociales, de bradage du patrimoine public et d’humiliations nationales, leur avait fixé au début de cette année un nouvel ultimatum : supprimer 150 000 postes dans le secteur public (sur un total de 700 000) d’ici 2015 et limoger en 2013 quatre mille fonctionnaires « ne donnant pas satisfaction » – le cas échéant remplacés par d’autres- dont 2000 avant fin juin, preuve nominative à l’appui ! Le pouvoir en place – aussi soumis aux puissants qu’impitoyable envers les faibles – a donc sans doute jugé qu’il fallait frapper un grand coup prouvant que la Grèce appliquait bien « tout ce à quoi elle s’est engagé », pour reprendre les termes raffinés d’un membre de l’eurogroupe (ministres des finances de la zone euro). La troïka venait justement d’arriver à Athènes pour vérifier si le contrat était bien respecté…Le méprisable Samaras s’est finalement montré à la hauteur des attentes de sa tutelle! « Cette décision doit être considérée dans le contexte des efforts considérables et nécessaires que les autorités ont faits pour moderniser l’économie grecque » a commenté la Commission européenne ! Le bon élève a reçu un satisfecit de son maître.
A vrai dire, on n’attendait pas d’autre réaction de la part de l’exécutif bruxellois. Il y a belle lurette que les surabondantes références de M. Barroso aux « valeurs » (une bonne douzaine dans son dernier discours sur « L’état de l’Union ») ne font plus illusion! Mais la France? Il y a peu, François Hollande avait réitéré sa vision décalée de la situation en déclarant que « L’Europe à sauvé la Grèce », puis que « La crise de l’euro est finie ». Peut-on en rester là? On aimerait voir une « France de gauche » plus solidaire du peuple grec et plus responsable quant au devenir de cette « Union » européenne , que la petite caste dirigeante actuelle et son orientation désastreuse conduisent obstinément au chaos.
Vivement que le peuple de gauche se fasse entendre!
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