Archive for 24 avril 2014
POUR UNE CONFERENCE D’HELSINKI 2
L’accord inattendu, sinon inespéré, intervenu à Genève le 17 avril dernier entre les Etats-Unis, l’Union européenne, le gouvernement intérimaire ukrainien et la Russie est déjà passé par pertes et profits par nombre d’observateurs, voire de dirigeants politiques.. A croire qu’ils font passer leurs sympathies partisanes avant l’espoir d’une solution à l’une des plus graves crises de l’après-guerre froide sur le sol européen, depuis la guerre de Yougoslavie.
Il est beaucoup trop tôt pour apprécier la portée réelle et durable de la « Déclaration commune » de Genève. La gestion déplorable de la crise ukrainienne depuis les événements de Maïdan a , de part et d’autre, si violemment exacerbé les différences et les différends entre les populations de la partie occidentale et celles des régions orientales du pays -chauffant à blanc les esprits, attisant les extrémismes, cultivant les paranoïas- qu’il est illusoire d’espérer voir retomber la fièvre dans l’immédiat. L’absence à la table des négociations de tout représentant des opposants aux autorités provisoires de Kiev n’était, en outre, pas de nature à faciliter la délicate mise en application à l’Est, des mesures prévues, comme « le désarmement de tous les groupes armés illégaux » et « l’évacuation des rues et places publiques illégalement occupée en Ukraine », surtout si, dans le même temps, le pouvoir en place à Kiev ne s’avère pas en mesure de faire entendre raison aux groupes paramilitaires également visés par les engagements de l’accord de Genève.
Malgré toutes ces limites et ces incertitudes, l’on ne peut que se réjouir que l’accord du 17 avril ait vu le jour. D’abord parce qu’il permet de briser le dangereux engrenage qui a conduit l’Ukraine au bord de la guerre civile, en convenant d’ « étapes initiales concrètes pour désamorcer les tensions ». Ensuite, parce qu’il quitte le registre de la confrontation pour celui de la coopération entre l’ « Occident » et la Russie en annonçant une mission de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) comprenant des observateurs de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie, en vue d’ « aider les autorités ukrainiennes et les collectivités locales dans la mise en oeuvre des mesures de désescalade ». Irresponsables seraient , dès lors,ceux qui, cédant aux pressions des ultras de leur camp, se laisseraient entrainer dans des postures ou des actes conduisant à décrédibiliser l’accord qu’ils ont signé au lieu de produire les efforts nécessaires à sa concrétisation sur le terrain! Cela vaut pour Washington ou Bruxelles et leur rhétorique sur les « sanctions »; pour Moscou et sa menace voilée d’un recours à la force armée; comme pour Kiev et sa lecture unilatérale des obligations découlant des engagements communs.
Et maintenant? L’Union européenne saura-t-elle dépasser son statut de « Junior partner » du grand frère américain en prenant ses responsabilités dans l’organisation de la coopération et de la sécurité du continent? Rappelons qu’en 2008, elle est restée muette et inerte face à la proposition formelle du Président russe d’alors, M.Medvedev, de négocier un « Traité paneuropéen de sécurité » incluant tous les contentieux existant entre les différentes parties en présence! Six années perdues plus tard, alors qu’approche, en 2015, le 40ème anniversaire de « l’Acte final d’Helsinki », la sagesse commanderait de réfléchir sérieusement à ce que pourrait apporter dans le contexte d’aujourd’hui une sorte d' »Helsinki 2″. Les dirigeants européens actuels ayant malheureusement la fâcheuse tendance à calquer leur « vision »des relations avec l’ « autre » puissance du continent sur celle de la Maison Blanche et de ses thuriféraires baltes ou polonais, il serait bon que le débat citoyen s’empare de cet enjeu dont dépendent en partie la sécurité et la paix en Europe dans un futur proche. La campagne pour les élections du 25 mai en offre l’occasion.
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