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ÉNERGIE-CLIMAT : OÙ VA L’EUROPE ?
Comme on est loin de l’ « Accord historique » auquel les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne s’étaient glorifiés d’être parvenus le 12 décembre 2009 avec le « Paquet Energie-Climat » ! L’Union européenne devait devenir un exemple pour le reste du monde en étant le premier ensemble régional à s’engager à réduire sensiblement (-20% ,voire -30% en moyenne) ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 (par rapport à 1990), sur la base d’objectifs chiffrés contraignants par État membre. Cinq ans plus tard, changement de décor: la « compétitivité » fait loi. Réuni les 20 et 21 mars dernier pour adopter un texte prolongeant celui de 2009, pour fixer les grandes lignes de la politique climatique européenne pour les quinze prochaines années, le Conseil européen s’est séparé sans rien avoir décidé sur le sujet. Tout a été reporté à la fin de l’année,voire à 2015, alors même que le Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) – en l’occurrence 300 chercheurs de 195 pays- vient de lancer un nouveau cri d’alarme et qu’une Conférence internationale sur le climat doit se tenir l’an prochain à Paris pour négocier le futur accord international pour l’après 2020.
Ce recul européen, pour significatif qu’il soit, n’est qu’un symptôme parmi d’autres de l’enlisement d’une ambition affichée naguère comme l’expression de la prise de conscience de la gravité des menaces planétaires du réchauffement climatique et de l’urgence d’une réorientation structurelle d’un certain nombre de politiques, notamment énergétiques, des pays de l’UE. D’autres signes ne trompent pas. Ainsi, la Pologne vient-elle d’exonérer d’impôt l’extraction de gaz de schistes – une décision qui ne va pas précisément dans le sens d’une réduction notable des émissions de CO2 dans un pays où , par ailleurs, 94% de l’électricité sont produits à partir de charbon et de lignite…Avec le concours déterminant de Londres, Varsovie instrumentalise la crise ukrainienne en justifiant cette fuite en avant par la nécessité de réduire sa dépendance au gaz russe. En réalité, le blocage organisé de toute avancée en matière de lutte pour une énergie moins polluante, par la Pologne -suivie de la République tchèque, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie, la Bulgarie- remonte à bien avant le coup de force russe en Crimée. L’autre cas problématique est celui de l’Allemagne, qui malgré son effort massif en faveur de certaines énergies renouvelables, risque d’être en difficulté pour tenir ses engagements en matière de rejets de CO2. Son « exemple »pose d’autant plus de questions que le « modèle » d’outre-Rhin pèse sur les choix des « 28 ».
Il est temps de relancer une mobilisation de l’opinion et un débat de fond sur cet enjeu de civilisation qu’est notre capacité collective -ou notre incapacité !- à maîtriser à temps le réchauffement climatique! D’abord, rappeler le droit à l’énergie pour tous! Ce droit est aujourd’hui refusé à près de deux milliards d’être humains, auxquels s’ajouteront deux autres milliards d’ici 2050. Il faut intégrer cette donnée dans les prévisions ! Un développement humain durable nécessite d’autant plus de « sortir » le plus possible du charbon, du pétrole et du gaz et de développer l’énergie décarbonnée sous toutes ses formes : toutes les énergies renouvelables et aussi une part de nucléaire. Il en découle une deuxième exigence: l’instauration de normes internationales de sûreté nucléaire très sévères et obligatoires sous contrôle d’une Agence internationale indépendante et dotée de pouvoirs réels, à l’instar de ce qui existe pour l’aviation civile(1) Enfin, ouvrir le vaste chantier de la planification écologique: l’économie circulaire; la chimie verte; la mutation écologique de la production agricole; la promotion du rail et notamment du fret ferroviaire ; les travaux sur l’efficacité énergétique des bâtiments ; un développement conséquent de la voiture propre, ainsi qu’un maximum d’efforts communs en matière de recherches sur les énergies du futur(2)
À quand le sursaut ?
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(1)Voir « Urgences planétaires » de Paul Sindic (Le Temps des cerises)
(2)Voir No 1 de la revue « Progressistes »( Revue du PCF)
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