LA CHINE ET NOUS
8 octobre 2015 at 11:13 Laisser un commentaire
Un intéressant Forum vient de se tenir à Paris sur le thème : » Où en est la Chine ? » On le doit à l’initiative de l’Académie des Sciences sociales de Chine, du Parti communiste français; de la Fondation Gabriel Péri et de la revue « La Pensée » (1) . Les chercheurs chinois ressentaient le besoin de présenter leur vision des réalités de leur pays , mais souhaitaient tout autant « prendre le pouls » de leurs homologues européens, en l’occurrence français, au sujet des développements récents de « la voie chinoise » : « Vous soutenez le développement de la Chine, aussi attendons-nous vos conseils constructifs »-a-il d’emblée été précisé . Pari tenu : leurs interlocuteurs français -économistes; historiens; géographes; sociologues; spécialistes ou praticiens des relations internationales- presque tous dotés d’une solide expérience de la Chine, et bien que de sensibilité politique différente, ont autant souligné les nombreuses avancées prometteuses , et souvent méconnues, réalisées ou en cours dans cet immense pays , qu’ exprimé des doutes, des inquiétudes ou des regrets sur ce qu’ils considèrent comme des manques à gagner de la part des autorités de Pékin, mais sans jamais se départir d’une attitude effectivement « constructive » et d’une note d’espoir . Avec, au final, une satisfaction générale . Une telle approche est à saluer. Arrêtons-nous donc sur quelques illustrations de cet échange fait d’analyses rigoureuses et de respect mutuel.
L’économiste Michel Aglietta, par exemple, aida le public à prendre la mesure de la complexité des enjeux auxquels sont confrontés les responsables chinois : « Il faut créer dix millions d’emplois urbains par an , alors que le pays est en surproduction ! » Il a noté , à cet égard, la part croissante que prend dans le développement du pays la consommation intérieure, grâce à une augmentation substantielle des salaires. L’historien Alain Roux, sinologue réputé, n’a pas caché avoir « fait un rêve » en constatant toute une série de mesures de démocratisation -démantèlement de structures répressives, élection des maires dans les villages, nouveaux liens avec les paysans…- : celui de voir la nouvelle direction du pays « faire de toutes ces nouveautés politiques un ensemble cohérent, dans un dialogue permanent avec la société », ce qui n’est pas le cas. « J’espère encore, avec des doutes » tempéra-il, non sans noter avec satisfaction « la richesse du débat politique dans certaines revues ou sur les campus » et « de grands succès dans la lutte contre la corruption ( qui se traduit par ) une popularité considérable » du nouveau Président chinois. Pour le sociologue Jean-Louis Rocca, qui a étudié la société chinoise sur place pendant dix ans, « il faut arrêter d’ opposer le système occidental au modèle chinois, les pays « démocratiques » et les autres ! » La crise de la représentation des intérêts des gens est majeure en Occident -rappela-t-il. On y tient, certes, des élections, mais avec une « confiscation du pouvoir ». Quant à la Chine, « elle doit trouver son propre système ». Bertrand Badie, éminent spécialiste des relations internationales, souligne combien cet immense pays a besoin de la mondialisation : « nourrir sa population nécessite 2,5 fois sa surface cultivable ! » Inversement, elle dépend du marché mondial pour vendre ses « terres rares » ( métaux stratégiques ) . Cette interdépendance explique son pragmatisme dans les coopérations internationales.
Une formule est revenue à plusieurs reprises dans les propos des intervenants chinois : »Prenons conscience de notre communauté de destin ». Voilà qui a dû faire l’unanimité de tous les présents .
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(1) Le Forum s’est tenu le 30/9/2015 à l’Espace Niemeyer et a réuni 16 intervenants. Un compte-rendu exhaustif en sera publié sous peu.
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