SUR LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE, LE DÉBAT EST LANCÉ !
21 avril 2016 at 8:54 Laisser un commentaire
La Banque centrale européenne ( BCE ) est l’une des institutions européennes les plus puissantes , puisqu’elle est maîtresse de la politique monétaire de toute la zone euro , soit 19 pays. C’est elle qui , en particulier, fixe les taux d’intérêt, autrement dit le loyer de l’argent , pour les quelque 6000 banques de la zone euro . Et surtout, elle dispose du pouvoir extraordinaire de créer de la monnaie à partir de rien et en quantité quasi illimitée ! Or, malgré ces prérogatives de portée considérable -ou plutôt à cause d’elles !- , les traités européens interdisent à tout pouvoir politique de lui donner des instructions . Et s’il en est ainsi, c’est que les dirigeants allemands l’ont exigé dès sa création il y a plus de vingt ans . Ils ont toujours justifié ce déni de démocratie et de souveraineté par leur crainte de voir les gouvernements exercer des pressions sur la BCE en fonction de leurs intérêts électoraux.
Or, voilà que l’ineffable Wolfgang Schäuble , grand argentier du gouvernement Merkel , brise lui-même le tabou de la sacro-sainte « indépendance » de la BCE en accusant publiquement son Président , Mario Draghi , de ruiner les épargnants allemands en pratiquant des taux d’intérêt trop bas, et, ainsi, de favoriser la montée du nouveau parti d’extrême droite outre-Rhin . En sortant ainsi du bois, le bouillant ministre allemand vient de faire un aveu de taille. Oui, la politique monétaire européenne, ça se discute ! Que chacun en prenne de la graine ! Le débat sur la BCE et sur le bon usage de l’argent qu’elle crée doit être ouvert au niveau des gouvernements et surtout parmi les citoyens eux-mêmes , dans chacune de nos sociétés !
Un seul exemple -mais quel enjeu !- : la BCE crée actuellement chaque mois…80 milliards d’euros et les prête aux banques GRATUITEMENT ! Et ce sans condition quant à l’utilisation de cette manne. Or, la preuve est largement faite : les banques n’utilisent l’essentiel de ces sommes pharaoniques ni pour soutenir la création d’emplois ni pour faciliter les investissements productifs. Elles privilégient avant tout les placements financiers, bien plus lucratifs. Si, comme le demandent notamment les communistes, cet argent allait directement aux Etats membres, mais à la condition expresse qu’il serve à financer des projets de nature à favoriser le développement social, la transition écologique, les services publics, bref : la création de richesses utiles à la société et à la coopération internationale, cela changerait profondément la donne .
On nous objectera que les traités européens interdisent à la BCE de financer les Etats. Cet argument ne tient pas . Il est possible -même dans le cadre institutionnel actuel- de créer un « Fonds européen de développement social et environnemental » ( une sorte de Banque publique a but non lucratif, gérée démocratiquement ). Même les traités actuels permettent à la BCE de refinancer un tel Fonds au même titre qu’elle le fait avec les banques traditionnelles. La mission de ce Fonds serait de sélectionner, parmi les projets qui lui seraient soumis par les pays membres, ceux répondant aux critères évoqués ci-dessus et d’orienter vers eux une partie de l’argent crée par la BCE. Aucun obstacle juridique ne s’oppose à cette réalisation : c’est une affaire de rapports de force politique. Or , l’on sait depuis Marx qu’ « une idée qui s’empare des masses devient une force matérielle ». Aussi, la seule question est : Peut-on faire de cette proposition , simple mais révolutionnaire, une revendication populaire ? Dans le contexte que nous connaissons, où tant de citoyens sont à la recherche de pistes alternatives, quel gâchis cela serait-il de ne pas essayer !
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