LE CONTRE-EXEMPLE BRITANNIQUE
30 juin 2016 at 7:36 1 commentaire
Les citoyens britanniques ont voté. Il faut naturellement respecter leur décision souveraine. D’ailleurs, nous toutes et tous qui , à gauche, dénonçons depuis des lustres le mépris dans lequel les dirigeants européens tiennent l’expression de la volonté de changement des peuples, nous ne pouvons que partager la volonté d’en finir avec ce système . Or, aux yeux de millions de laissés-pour-compte de l’ultra libéralisme en Grande-Bretagne, le Brexit était assimilé à l’espoir que soit mis fin à la brutale politique d’austérité qu’ils subissent quelque soit le gouvernement en place. Malheureusement, tout indique que la voie choisie pour exprimer cette colère et cette frustration risque fort d’enfoncer encore plus le peuple britannique dans l’impasse dont il souhaitait sortir : les hérauts du Brexit ont trompé les travailleurs et les familles populaires . C’est pourquoi j’affirmerai, pour ma part, sans détour : à mes yeux, le type de campagne qui vient d’avoir lieu outre-Manche est un contre-exemple. Voici pourquoi .
Je continue de tenir pour un modèle inégalé de démocratie citoyenne la campagne du « NON de gauche » au projet de traité constitutionnel en 2005. Or, si l’on compare cette campagne à celle des pro-Brexit , on peut parler de deux expériences politiques aux antipodes l’une de l’autre. Trois illustrations.
D’abord, en France, le « leadership » du mouvement était incontestablement à gauche, au point que le FN y était sinon inexistant du moins inaudible. En tout cas marginal. En Grande-Bretagne, ce sont les populistes d’extrême droite de l’UKIP qui ont fourni les slogans; l’ultra-libéral sans scrupule Boris Johnson qui a animé le spectacle; et la presse de caniveau qui s’est chargée de distiller leurs mensonges auprès de leurs millions de lecteurs. Quant à Cameron, son soutien au « in »( maintien dans l’UE ) a dû passablement nourrir le « out » ( la sortie de l’UE ) , tant sa politique est un repoussoir pour les familles populaires. Cette cacophonie démagogique a réussi à couvrir la voix du seul haut responsable authentiquement de gauche dans cette campagne, Jérémy Corbyn, dont le message -partagé par les principaux syndicats- était : « rester dans l’Union européenne ET changer l’Europe » en coopérant avec les progressistes des autres pays membres.
Il y a une deuxième différence de taille avec notre campagne de 2005 : nous avions fait appel à l’intelligence et à la réflexion des citoyens. En Grande-Bretagne, les partisans du Brexit ont caché leurs choix économiques ultra libéraux, spéculé sur la peur des réfugiés et multiplié les mensonges éhontés, comme celui des fameux « 350 millions de Livres » prétendument versées chaque semaine par le Royaume-Uni à l’UE et qui iraient en cas de Brexit à la Sécurité sociale britannique -fausse promesse démentie dès le lendemain du référendum !
Enfin, tandis qu’en France en 2005, nous insistions sur l’esprit de solidarité avec les autres peuples -invitant de nombreux progressistes européens à nos meetings- les figures dominantes du camp du Brexit ont flatté les tendances étroites, nationalistes et même franchement racistes. La palme revient à l’ex-maire de Londres , …potentiel chef du futur gouvernement, qui n’a pas hésité à traiter Barak Obama , coupable d’avoir critiqué le Brexit, de « demi-Kényan »! Pour toutes ces raisons, décidément oui : « on vaut mieux que ça ! »
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JOUER SUR LA PEUR POUR RELANCER L’EUROPE ? UNE EUROPE « À LA CARTE » : NON ! « À GÉOMÉTRIE CHOISIE » : OUI !
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1.
sylvie JAN | 1 juillet 2016 à 8:19
Merci Francis pour cet article.. Bises
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