UE : CES CRISES QUE NOUS CACHE LE BREXIT…
31 octobre 2019 at 3:49 Laisser un commentaire
Le Brexit est naturellement une vraie crise pour l’Union européenne ! D’abord, parce que, pour la première fois, en plus de soixante ans d’existence, un pays membre, qui plus est de première importance, décide de se retirer d’une communauté conçue pour durer. C’est là, incontestablement, pour l’UE, un grave échec politique qui laissera des traces. Ensuite, du fait des conséquences concrètes, potentiellement déstabilisantes -et pas que sur le plan commercial- , pour les gens eux-mêmes, de la rupture des liens étroits tissés entre partenaires durant des décennies. Ce saut dans l’inconnu, dans le contexte mondial actuel, risque de coûter cher à de nombreux Britanniques mais, de ce côté-ci de la Manche, on aurait tort de hausser les épaules : les incertitudes sont également lourdes pour les « 27 ». Il est donc parfaitement légitime que l’on accorde à la crise euro-britannique toute l’importance qu’elle requiert.
Cependant, de même qu’un train peut en cacher un autre, une crise peut nous empêcher d’en voir une ou plusieurs autres. C’est le cas du Brexit. Le dernier Conseil européen, ce 18 octobre, nous en a fourni une triste illustration. Les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, miraculeusement d’accord , pour l’essentiel, sur l’attitude à adopter vis-à-vis de Londres, ont étalé leurs profondes divisions sur tous les autres grands sujets à l’ordre du jour du Sommet : en particulier, la question cruciale du budget prévisionnel pour la période allant de 2021 à 2027. Autrement dit, la traduction en chiffres de la vision commune pour les sept prochaines années. Or, de « vision », il n’y en a point, dans l’UE : la dérive néolibérale y est devenue si débridée que chaque gouvernement ne cherche plus qu’à en tirer le meilleur profit pour la « compétitivité » de ses firmes protégées ou pour sa clientèle électorale. Il n’y a donc eu d’accord sur « aucune ligne directrice, rien ! » a dû constater le Président de la Commission -sur le départ-, Jean-Claude Juncker.
D’un côté, tous les États veulent que l’UE se lance dans de nouvelles dépenses : parfois franchement mauvaises, comme le renforcement des moyens permettant de freiner des quatre fers l’arrivée de migrants ou la montée en gamme d’une « défense européenne »; parfois, à l’inverse, des investissements indispensables, comme le développement du numérique…De l’autre côté, la plupart des Chefs d’Etat ou de gouvernement ne veulent pas entendre parler d’augmentation, même minime, de leur contribution au budget, ne serait-ce que pour compenser la perte de 12 milliards d’euros par an du fait du départ du Royaume-Uni. Même une proposition de compromis proche du ridicule -faire passer le budget de 1,03 % à 1,08 % des richesses produites par an par les « 27 »- a été rejetée. Aucun pays n’envisageant évidemment de renoncer aux mauvaises dépenses, certains préconisent des coupes sèches dans les rares mesures de solidarité encore existantes : les aides aux agriculteurs et les «fonds de cohésion » destinés aux pays les plus pauvres de l’UE. Inacceptable ! Voilà un débat qui méritera dans les mois à venir une attention soutenue que même le Brexit ne devra pas occulter.
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