UN AVENTURIER AU 10 DOWNING STREET
25 septembre 2020 at 6:08 Laisser un commentaire

Il y a décidément un côté « Trump » chez le Premier Ministre britannique ! Fin 2019, il négocie et signe le traité précisant les conditions de la séparation entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne . Pas question, alors, pour lui de prolonger les discussions : il préférerait, proclamait-il, « être mort dans un fossé que de retarder le Brexit ». D’autant que, jugeait-il, c’est un « excellent accord, qui reprend le contrôle ». Neuf mois après, il annonce froidement qu’il envisage de violer à l’avenir l’accord en question, car, selon le porte-parole de Boris Johnson, il est contestable et « signé dans la précipitation ». Un modèle de cohérence… digne de l’actuel Président américain.
Mais quelle raison de force majeure pousse-t-elle ainsi le dirigeant d’un pays fier de son « État de droit » à…violer le droit, tant national (l’accord en question fut ratifié par le Parlement britannique) qu’international (le traité a été conclu avec 27 pays tiers) ? Son gouvernement justifie le franchissement de cette ligne rouge par plusieurs motifs, à rebours de toute logique , à la manière, là-encore, du locataire de la « Maison-Blanche ».
D’abord, il s’agirait ainsi, selon Londres, de « protéger les accords de paix » qui ont mis fin à la guerre civile en Irlande du Nord en 1998. Absurde ! C’est précisément pour sauver cet acquis vital -la fluidité des relations entre Irlandais- qu’a été négocié avec l’UE le compromis de 2019 , aujourd’hui menacé par Londres ! Rappelons les données du problème : l’Irlande du Nord est rattachée à la Grande-Bretagne, tandis que le reste de l’île -la République d’Irlande- est et demeure membre de l’UE . La nouvelle frontière entre l’UE et son ex-membre (et notamment le contrôle des exportations de biens entre les deux entités) passerait donc en théorie entre le Nord et le Sud de l’Irlande. Mais tout le monde a convenu que ce retour aux divisions du passé constituerait une régression inconcevable. Boris Johnson avait donc accepté que des règles douanières particulières s’appliquent aux marchandises transitant d’Angleterre vers l’Irlande du Nord -des règles qu’il remet en cause aujourd’hui, au risque de provoquer le retour des vieux démons en Irlande du Nord !
Ensuite, Boris Johnson a expliqué aux députés que son revirement visait à donner plus de pouvoir à l’Ecosse et au Pays de Galles. Encore l’exact contraire de la réalité des faits ! La cheffe de l’exécutif écossais, Nicola Sturgeon, l’accuse, précisément, de transférer de Bruxelles à Londres des prérogatives qui reviennent désormais à la nation écossaise ou au Pays de Galles.
Enfin, le leader britannique dit vouloir, en revenant sur ses engagements vis-à-vis de ses 27 anciens partenaires, « assurer l’intégrité du marché intérieur britannique ». Une intention compréhensible …à condition de la mettre en œuvre en respectant l’intégrité du marché intérieur de ses voisins, ce qui suppose, on la vu, un arrangement commun sur le cas irlandais ! Mais pour Boris-Trump, les autres ne comptent pas : Britain first ! » Il y a un aventurier au 10 Downing Street.
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