AVEC LES FEMMES POLONAISES : SOLIDARNOSC !
6 novembre 2020 at 7:03 Laisser un commentaire

« C’est une attaque qui vise à détruire la Pologne ! » Le chef de la réaction polonaise, Jaroslaw Kaczynski, n’en revient toujours pas : voilà deux semaines que les femmes de son pays tiennent la rue, bloquent les centre-villes, font grève ! Et surtout, elles réussissent à mobiliser une claire majorité de leurs concitoyennes et concitoyens pour le droit à l’avortement et le respect de leurs droits en général. Voilà un face-à-face sidérant entre ce que ce pays produit aujourd’hui de pire et de meilleur. D’un côté, l’intégrisme obscurantiste et machiste des ultra-conservateurs qui tirent le pays le plus en arrière possible; de l’autre l’irruption de ce mouvement de femmes, souvent jeunes, qui forcent le respect par leur détermination absolue à stopper cette spirale régressive. Et, à ce titre, par-delà même les droits des femmes, cette mobilisation, d’une ampleur et d’une radicalité exceptionnelles, est peut-être en train d’ouvrir une perspective de progrès à toute la société polonaise.
Il devenait tout simplement vital de créer ce type de rapport des forces -une « révolution » selon Marta Lempart, porte-parole du mouvement- , tant le rouleau compresseur réactionnaire du PiS balayait tout ce qui subsistait encore de droits essentiels, tels l’indépendance de la justice et des média , voire l’abrogation de la peine de mort ! Mais c’est le traitement de la question de l’avortement qui est, à cet égard, l’obsession la plus emblématique de la triste équipe qui dirige le pays. Bien que la législation polonaise en la matière fût, depuis le changement de régime de la fin des années 80, l’une des plus restrictives d’Europe, diverses officines liées au PiS ont tenté, à plusieurs reprises depuis le retour de ce parti au pouvoir en 2015, d’interdire l’avortement, même dans le cas d’un fœtus présentant des malformations irréversibles, sous peine de risquer cinq ans de prison ! Le gouvernement avait, chaque fois, dû y renoncer sous la pression de manifestations massives de femmes. Ajoutons à cet acharnement indigne la sortie ahurissante du ministre de la justice plaidant, en juillet dernier, pour que la Pologne se retire de la Convention d’Istambul sur les violences faites aux femmes : un texte qui fait figure de « bête noire » aux yeux du gouvernement comme de l’Eglise polonaise, car il fixe des normes contraignantes contre la violence sexiste ! Mais là encore, le PiS a dû temporiser en attendant des jours meilleurs…
C’est dans ce contexte que le Tribunal constitutionnel polonais, désormais contrôlé par le PiS, décida, le 22 octobre, que la loi actuelle autorisant l’avortement de fœtus mal formés était « incompatible » avec la Constitution du pays ! Hier, patrie de Marie Curie et d’Helena Rubinstein, de la championne sportive Irena Swewinska et de la poétesse nobélisée Wislawa Szymborska, de la réalisatrice Agnieszka Holland et de l’artiste peintre Tamara de Lempicka, la Pologne ne pouvait poursuivre ainsi sa descente aux enfers !
Aujourd’hui, à toutes ces femmes polonaises qui relèvent courageusement le défi, nous disons un chaleureux : SOLIDARNOSC !
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