FRONTEX , DÉSHONORANTE POLICE ANTI-MIGRANTS DE L’UE
11 février 2021 at 8:01 Laisser un commentaire

Le Portugal, qui préside l’Union européenne durant le premier semestre de 2021, vient d’annoncer qu’il allait provoquer sous peu une rencontre officielle avec les dirigeants de l’Agence Frontex, chargée de la « protection des frontières de l’Europe ». Il était temps, en effet, de procéder à une « évaluation de la situation » de cette déshonorante police anti-migrants de l’UE, tant les griefs s’accumulent à son encontre !
Le dernier en date remonte au 5 février dernier : ce jour-là, la chaîne de TV allemande ZDF a révélé que l’agence de « sécurité » en question reçoit abondamment et en toute opacité des lobbyistes de l’industrie d’armement, voire sert d’interface entre des marchants d’armes et certains Etats membres ! C’est que Frontex est devenue en 2016 -après la dramatique crise de l’accueil des réfugiés en Europe- « l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes ». Au titre de cette « promotion », elle a vu son budget exploser ( 5,6 milliards d’euros de 2021 à 2027, soit, annuellement, plus de 130 fois le montant alloué à l’agence à sa création, il y a 15 ans !) et dispose, en propre ou de part des Etats membres, d’un arsenal en pleine expansion composé d’avions, d’hélicoptères, de drones, de bateaux, de véhicules de patrouille, de radars mobiles, de caméras thermiques, de sondes…de nature à exciter les convoitises du marché des matériels militaires .
Mais telle n’est pas, et de loin, la seule ombre au tableau du « bras armé de l’Europe-forteresse », comme l’appellent certains, non sans pertinence. Ainsi, pas plus tard qu’en octobre dernier, c’est le magazine allemand Der Spiegel, ainsi que le New York Times, qui révélaient l’implication d’agents de Frontex dans des « refoulements illégaux » de migrants en mer Egée. De même, un groupe d’ONG a publié un document hallucinant de 1500 pages d’enquêtes et de témoignages sur des centaines de cas de refoulements de demandeurs d’asile, accompagnés des violences qu’on imagine, le long de la route des Balkans, en mettant en cause Frontex . Un an plus tôt, c’est encore une chaîne allemande, ARD, ainsi que le quotidien britannique The Guardian qui ont mis au jour des faits de maltraitance de la part de garde-frontières en Hongrie, en Grèce et en Bulgarie, auxquels auraient, a minima, assisté sans intervenir des agents de Frontex, par ailleurs également accusés d’avoir expulsé des mineurs isolés, placés sous sédatifs pendant leur vol d’expulsion.
Longtemps, les critiques des graves violations des droits fondamentaux dont se rend coupable Frontex restaient essentiellement le fait d’ONG, de quelques média et de députés européens -notamment celles et ceux du groupe de la Gauche unitaire européenne. Il faut espérer que « l’évaluation » de l’Agence, promise par la présidence portugaise de l’Union européenne, permettra de mettre un terme aux pratiques les plus scandaleuses de Frontex. Mais au-delà, un débat de fond s’impose enfin sur les conditions d’un accueil digne des femmes et des hommes que le désespoir pousse à rechercher, au péril de leur vie, un havre de paix sur les côtes européennes.
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