TROIS NOUVELLES ENCOURAGEANTES
4 mars 2021 at 2:46 Laisser un commentaire

Cela fait 15 ans (!), cette semaine, que « l’Humanité-Dimanche » me fait l’honneur d’accueillir ma chronique. Une heureuse coïncidence me permet de marquer cet « anniversaire » par l’évocation de trois bonnes nouvelles -un privilège que l’actualité internationale nous offre, hélas, trop rarement.
La première nous est venue, fin décembre, d’Afrique, et plus précisément du Niger, dont le Président sortant, le très respecté Mahamadou Issoufou, a eu la sagesse, ses deux mandats achevés, de se retirer pour laisser la place à son successeur issu d’élections libres. Quoi de plus normal, direz-vous ? Sauf que c’est la première fois depuis son indépendance, en 1960, que ce pays vient ainsi de connaître un changement de dirigeant sans coup d’Etat ! S’il ne règle naturellement pas les immenses défis auxquels est confronté ce pays dramatiquement démuni, en proie aux attaques terroristes et menacé de déstabilisation, cet acte démocratique mérite d’être salué et son auteur honoré. L’ histoire africaine retiendra « le précédent Issoufou ».
Un deuxième exemple à suivre, qui a marqué les relations internationales dans la dernière période, nous vient d’Asie : en l’occurrence de la frontière hyper-sensible entre la Chine et l’Inde dans l’Himalaya . Ce 21 février , les deux géants du continent ont fait connaitre ensemble le « désengagement » complet de leurs troupes respectives d’une zone marquée de longue date par de graves tensions et des affrontements meurtriers comme ceux du printemps dernier. Lire aujourd’hui dans un texte commun aux deux puissances -qui partagent 3500 km de frontières- leur engagement à « s’efforcer de résoudre les problèmes restants de manière mutuellement acceptable » est assurément un fait encourageant ! Cet accord ayant suscité bien moins de « buzz » que les heurts passés, il n’est pas superflu d’y revenir en soulignant sa portée .
Une troisième initiative mérite d’être signalée car elle a contribué au sauvetage de l’emblématique accord international dit de Vienne, sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 avant d’être déchiré par Donald Trump. L’élection de Joe Biden redonnait, en principe, toutes ses chances à la relance de cet accord historique. Mais le nouveau Président américain -soutenu par ses alliés européens- mit de nouvelles conditions à la levée des sanctions décidées par son prédécesseur contre l’Iran. Téhéran répliqua en menaçant de renoncer à ses propres engagements de 2015, en matière d’enrichissement de l’uranium. L’accord risquait dès lors de voler en éclats. Il fallait briser de toute urgence le cercle vicieux de ces surenchères croisées. Cette délicate mission fut confiée au directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, qui se rendit en Iran le 20 février dernier…et réussit à ouvrir avec ses interlocuteurs la voie à de prochaines négociations internationales sur la remise en route de l’accord de Vienne. C’est là un grand succès, qui illustre une fois de plus l’importance cruciale de la vraie diplomatie multilatérale : celle qui est conduite sous l’égide des Nations Unies.
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