LA « COMMUNE DE PARIS » ET LA GAUCHE ALLEMANDE
18 mars 2021 at 7:28 Laisser un commentaire
Les réflexes de classe ont la peau dure : 150 ans après, la droite parisienne n’a toujours pas digéré la prise de pouvoir des ouvriers et artisans de la capitale, assiégée par les troupes prussiennes et désertée par un gouvernement conservateur prêt à capituler devant l’ennemi et à lui abandonner l’Alsace et la Lorraine .
Pour ces conservateurs endurcis, qui ont si souvent le mot « République » à la bouche, il ne saurait être question de commémorer une expérience historique à laquelle, pourtant, l’idéal républicain -le vrai : social et démocratique- doit tant. Si la droite française tourne ainsi le dos à une page aussi emblématique de l’histoire de son pays, nous constatons avec une grande satisfaction l’intérêt porté à la Commune de Paris par nos amis de…la gauche allemande .
Cela ne date pas d’aujourd’hui. Si l’on trouve toujours à Berlin une « Rue de la Commune de Paris », malgré la vague de débaptisations qui a suivi la chute de la RDA, c’est précisément parce que cette référence a toujours fait sens pour une partie de la population, du moins dans la partie orientale de la ville.
C’est d’ailleurs à cette adresse symbolique que la puissante « Fondation Rosa Luxemburg », attachée à « Die LINKE », a récemment décidé d’installer son siège. Cette même institution a, surtout, montré son attachement à l’esprit de la « Commune » en prenant l’initiative de proposer à son homologue française, la Fondation Gabriel Péri, créée à l’initiative du PCF, d’organiser en commun une belle initiative sur le sujet, ce 18 mars, jour anniversaire de la proclamation de la Commune. Entrecoupés de moments culturels liés aux luttes des Communards -la chanson du « Temps des cerises », une brève lecture de textes de Karl Marx et d’August Bebel, un poème d’Arthur Rimbaud, la version originale de « l’Internationale »…- , trois débats bilingues offrent un captivant échange franco-allemand sur les origines, l’expérience et l’héritage du « premier gouvernement ouvrier ». De la belle ouvrage. (1)
Voilà qui poursuit avec bonheur l’internationalisme de la Commune », dont le « ministre » du Travail, Léo Fränkel, était un ouvrier bijoutier d’origine hongroise et dont l’animatrice de « l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés », Elisabeth Dmitrieff, était une révolutionnaire et féministe russe, tandis que, parmi les communards fusillés par les Versaillais, figuraient, selon leurs bourreaux eux-mêmes, « Italiens, Polonais, Hollandais, Allemands ». (2) Plus généralement, comme l’avait noté Karl Marx, « Sous les yeux de l’armée prussienne qui avait annexé à l’Allemagne deux provinces françaises, la Commune annexait à la France les travailleurs du monde entier ».(3)
(1) gabrielperi.fr
(2) « Droit et Liberté » No 300 (mars 1971), cité par « Les Amis de la Commune de Paris » (29/4/2020)
(3) « La guerre civile en France ».
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