UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE EUROPÉENNE EST-ELLE POSSIBLE ?

2 juillet 2021 at 3:03 Laisser un commentaire


« Nous avons avancé dans la bonne direction sur la question russe (…) il faut maintenant consolider cette avancée » : c’est en ces termes étonnants qu’Emmanuel Macron commentait, après le récent Conseil des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, l’échec spectaculaire essuyé par la France et l’Allemagne face à leurs pairs sur leur projet conjoint de sommet Union européenne – Russie. Le recours à ce modèle de « langue de bois » vise sans doute à éviter d’alimenter un débat gênant pour qui affiche l’ambition d’une « Europe souveraine » : une politique étrangère européenne est-elle possible dans cette Union si hétéroclite,  n’ayant jamais répondu à la question de fond : « Que voulons-nous faire ensemble ? » Retour sur ce camouflet, malheureusement significatif de l’immaturité de l’actuel projet européen. 
Voilà deux ans que le Président de la République dit vouloir bâtir en Europe une nouvelle « architecture de sécurité et de confiance » avec Moscou. Dépasser au plus vite la politique stérile des sanctions-humiliations pour tenter d’agir ensemble sur les enjeux cruciaux qui nous sont communs devrait être, en effet, une priorité stratégique pour l’Union européenne. Plus on tarde à prendre ce virage, plus l’atmosphère s’envenime, engendrant les effets pervers que l’on sait. On ne pouvait donc que se réjouir de l’initiative franco-allemande , soumise au Conseil européen des 24 et 25 juin dernier, et proposant l’organisation d’un « Sommet Union européenne-Russie » (le premier depuis 2014), pour lequel Moscou avait montré son intérêt. L’idée fit son chemin. De fait, l’UE -en plus de s’être fait griller la politesse par Joe Biden- ne pouvait pas faire moins que les Etats-Unis sur son propre continent !  Eh bien, si ! Les inséparables russophobes baltes et polonais ont été rejoints par la Suède (pseudo non-alignée, de plus en plus inféodée à l’OTAN) et les Pays-Bas pour s’opposer à toute reprise du dialogue avec Moscou. « Il est trop tôt parce que, jusqu’à présent, nous ne voyons pas de changement radical dans le comportement de Vladimir Poutine » a expliqué le Président de la Lituanie, Gitanas Nauseda, oubliant le b a ba de la diplomatie, qui est de ne pas parler qu’à ceux qui vous ressemblent…
Quelle leçon tirer de cette nouvelle paralysie européenne sur un sujet majeur des relations internationales , déjà si scandaleusement flagrante face à l’occupation et à la colonisation des Territoires palestiniens ? Qu’il faudrait abolir la règle de l’unanimité ? Certainement pas, sans quoi 9 décisions sur 10 seraient celles dictées par Washington ! (En 2003, nous aurions été entraînés dans le désastre de la guerre d’Irak !) En revanche, rien n’empêche un noyau significatif de pays de l’UE d’agir ensemble pour des initiatives conformes au droit international et répondant à leurs intérêts communs bien compris. Les conditions d’une paix juste et durable au Proche-Orient , tout comme la sécurité collective et la coopération sur le continent européen en sont de bons exemples.

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APRÈS LE SOMMET BIDEN-POUTINE, L’UE S’INTERROGE  QUAND « BRUXELLES » OPPOSE LE CLIMAT ET LE SOCIAL 

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