« HUMANISER LES RELATIONS INTERNATIONALES ! »
2 février 2023 at 6:52 1 commentaire
La guerre fait rage en Ukraine ainsi que, hélas, dans bien d’autres pays du monde; l’occupation de la Palestine embrase à nouveau le Proche-Orient; l’humanité subit de multiples formes de violences hors de contrôle ! C’est dans ce contexte qu’une passionnante et émouvante rencontre vient de se tenir au Palais du Luxembourg, à Paris, sur le thème : « Promouvoir les sécurités humaines au service de la paix » (1).
Expert.es, responsables politiques, actrices et acteurs de terrain y ont fait vivre leur expérience de régions touchées par des conflits et ouvert des pistes pour répondre à la désorganisation du monde. « Humaniser les relations internationales (devrait être) la grande ambition de notre génération », et pour ce faire, « il faut tout changer dans les politiques internationales », avança d’emblée Bertrand Badie, grand spécialiste de la question. L’une des idées centrales qui traversèrent l’ensemble des interventions fut que l’intérêt global -tel que la sécurité alimentaire, sanitaire, environnementale et climatique, culturelle, etc…, indissociablement- doit l’emporter sur ce que chaque État estime être son intérêt national. Il est temps, fut-il souligné, de réaliser que, dans ce monde devenu interdépendant, où l’imaginaire lui-même s’est mondialisé, l’humanité n’existe que par la solidarité entre les humains. Aussi faut-il en finir avec les illusions de la « puissance » qui, si elle conserve malheureusement des capacités de nuire , a perdu toute maîtrise des enjeux de notre époque. Comme le révèle l’observation des grands événements internationaux, on assiste bien plutôt à la revanche du social sur la puissance (voir en ce moment même le soulèvement populaire, et notamment celui des femmes, en Iran !). Ce poids sans précédent des sociétés dans le jeu international doit être reconnu, et la diversité de celles-ci respectée : « la science de la reconnaissance de l’autre est la clé d’entrée dans ce nouveau monde de la sécurité globale », selon la belle formule de Bertrand Badie.
Parmi les propositions les plus concrètes formulées, on retiendra celle de rendre obligatoires les contributions des 80 « pays à hauts revenus » à l’aide humanitaire et à en confier davantage la gestion aux acteurs locaux ; ou celle d’agir pour que 5% du produit intérieur brut mondial (4000 à 5000 milliards de dollars) par an soient consacrés à l’enclenchement de la transition écologique, et autant pour répondre aux besoins humains essentiels -et ce grâce à deux outils : la fiscalité sur les bénéfices des multinationales et les plus hauts revenus, ainsi que la création monétaire des banques centrales. Ou encore de revaloriser les institutions les plus universelles et les plus légitimes, telles que le Conseil économique et social des Nations unies, aujourd’hui marginalisé, et d’élargir les compétences du Conseil de sécurité de l’ONU à la sécurité…humaine ! Dans ses conclusions, Pierre Laurent, vice-président du Sénat insista sur la nécessité de « hausser le niveau du débat politique sur les grands enjeux de l’émancipation humaine ». Une proposition plus que pertinente, en effet .
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(1) Rencontre-débats, 21/1/2023 à l’invitation de Pierre Laurent, vice-président du Sénat et de Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences-Po.
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1.
Marc Chapiro | 2 février 2023 à 7:13
Mais mais mais… vous venez d’inventer le Service Public Mondial ! !!
Cap sur l’étrave !