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GAZA, LIBAN : L’EFFROYABLE RANÇON DE L’IMPUNITÉ !

« Nous nous dirigeons vers une longue guerre », déplorait la semaine dernière à l’ONU le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, « mais personne ne semble capable d’arrêter Netanyahu, pas même les Etats-Unis ». Non ! L’impuissance a bon dos. Les terrifiantes bombes « bunker buster » utilisées dans les frappes dantesques  de ces derniers jours sur Beyrouth et le Sud-Liban provenaient toutes des Etats-Unis. Leurs dirigeants les ont livrées sans relâche, en pleine connaissance de l’usage qui en serait fait, tant à Gaza qu’au Liban ! Le veto protecteur systématique de Washington au Conseil de sécurité pour faire échec à toute tentative d’enrayer l’escalade de la « dévorante machine de guerre israélienne »(« L’Orient-Le Jour ») n’a fait que nourrir l’arrogance et l’irresponsabilité de la « seule démocratie du Moyen Orient » ! Si leur créature échappe aujourd’hui à ses parrains en risquant d’entraîner toute la région dans une guerre totale dont Washington ne voulait pas, il ne s’agit ni plus ni moins que de l’effroyable rançon de l’impunité garantie, en l’occurrence, à la pire équipe de criminels de guerre qu’Israël ait connues. 

Cette nouvelle guerre aux développements potentiellement dévastateurs est le résultat d’un an de tolérance sans limite face aux incommensurables exactions de l’armée israélienne à Gaza dont le bilan monstrueux est à rappeler sans cesse ! Plus de 40 000 morts identifiés -dont 16 756 enfants !- ; d’innombrables disparus « présumés morts sous les décombres » ; 100 000 blessés -dont 6168 enfants (Chiffes de l’ONU) ! Une situation humanitaire alarmante : population au bord de la famine; privation délibérée d’eau, de nourriture, de médicaments; dénuement total; exode massif sans fin à la recherche éperdue d’un refuge qui n’existe pas…Rien ne pouvait excuser un tel acharnement barbare contre une écrasante majorité de civils, coupables d’aucun crime ! Et pourtant…

Autant la population israélienne mérite notre solidarité face au traumatisme durable provoqué par l’ignoble massacre et les prises en otage d’innocents par le Hamas le 7 octobre, autant cette déshumanisation, par Israël, du peuple de Gaza, significativement traité d’ « animaux vivants » par le ministre de la défense, exigeait-elle  d’emblée des sanctions internationales exemplaires, à commencer par l’arrêt immédiat des livraisons d’armes à Israël et la suspension des relations économiques privilégiées (comme celles induites par l’accord d’association Union européenne-Israël) . Au lieu de cela, Washington, Londres et Berlin ont multiplié les pressions sur la Cour pénale internationale pour éviter la délivrance des mandats d’arrêt demandés par le Procureur de la CPI contre Netanyahu et son ministre de la défense ! Même la simple  reconnaissance de l’Etat de Palestine fut jugée « prématurée » sinon « déplacée » par les principaux États occidentaux, à la notable exception d’une poignée de pays européens, mais pas de la France ! Il ne s’agit pourtant que de revenir à la condition essentielle de la sécurité de tous les pays de la région : le respect des droits fondamentaux de chaque peuple, et donc, la fin de l’occupation des territoires palestiniens !

Ils rétorqueront qu’Israël a « le droit de se défendre contre le terrorisme ». Assurément . Mais, que n’ont-ils entendu à temps, à ce propos, les avertissements répétés d’un Abraham Burg, ancien Président de la Knesset : « Les bombes ne font pas la guerre au terrorisme (…) La question que je me pose, c’est si Israël a fait assez en sorte qu’un enfant qui a deux ans aujourd’hui ne se fasse pas exploser dans 15 ou 20 ans ». C’était en 2003 (1)

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(1)  Interview au Haaretz (14/11/2003)

4 octobre 2024 at 10:26 1 commentaire

L’ESCALADE, POISON DES RELATIONS INTERNATIONALES

« Il est grand temps d’arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient »insista opportunément Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations-unies, face au risque d’un « conflit régional généralisé » , lorsque tombèrent les premières dépêches sur « des explosions » près de la ville iranienne d’Ispahan, qui abrite des sites militaires, y compris nucléaires. « Empêcher toute escalade » : tel fut également l’objet de l’appel lancé ce même 19 avril  à « toutes les parties » par les ministres des Affaires étrangères du « G7 » (Etats-Unis, Canada, Japon, France, Allemagne, , Grande-Bretagne, Italie). Manifestement, bien que plus limitée que ce qu’on redoutait, cette réplique (israélienne) à la réplique (iranienne) inquiétait en premier lieu -légitimement- Washington, ce qui ne l’empêcha pas de décider aussitôt de nouvelles livraisons d’armes à l’une des « parties »…Or, pour éviter une escalade, il faut que les deux protagonistes le veuillent. Si l’un des deux estime que c’est à l’autre de faire le premier pas, c’est l’engrenage ! Dans l’immédiat, il semble qu’on ait évité ce piège. Mais tant que subsisteront ces deux régimes, nous resteront loin d’une relation apaisée entre les deux pays : comme le notait le grand quotidien libanais « l’Orient-Le Jour » : « La guerre n’est pas évitée, elle est reportée ». Le Moyen-Orient manque cruellement d’une architecture de sécurité assurant à chaque peuple -et d’abord au peuple palestinien- des garanties solides de respect de ses droits fondamentaux et créant, par là même, les conditions d’une paix durable.  

Dans un tout autre contexte, les mêmes questions de fond se posent face à la cruelle guerre russo-ukrainienne. Même si l’agresseur et l’agressé y sont clairement identifiés, l’escalade militaire n’y mène qu’à plus de guerre, avec la circonstance aggravante que se confrontent ici, indirectement, deux puissances nucléaires : l’OTAN et la Russie. C’est cette spécificité -sans précédent-  qui avait fait dire dès novembre 2022 au Chef d’Etat-major des armées des Etats-Unis, le Général Milley : « L’une des choses que j’ai toujours en tête, c’est la maîtrise de l’escalade. Les Russes ont la capacité de détruire l’humanité. Tout mouvement doit être mûrement réfléchi. » Et il ajouta, quitte à tourner le dos à l’orientation de son Président : « Il peut y avoir une solution politique, où, politiquement, les Russes se retirent. C’est possible ! » 17 mois et des milliers de morts plus tard, on en est toujours, dans chaque camp -celui de l’agresseur comme celui de l’agressé et de ses alliés-, à s’engager à aller « jusqu’au bout » (?) pour « gagner la guerre »…Jusqu’où poussera-t-on cette fuite en avant -tels deux bolides fonçant l’un contre l’autre, chacun escomptant que l’autre cède en premier- au risque du pire ? Est-ce réellement la bonne et la seule voie de la solidarité avec le peuple ukrainien ?

En vérité, dans le monde d’aujourd’hui, plus interdépendant qu’il ne l’a jamais été, l’escalade est un poison des relations internationales. En plus de n’aboutir, dans le meilleur des cas, qu’à une « victoire » à la Pyrrhus de l’un des deux belligérants, elle rend de plus en plus difficile l’indispensable quête de stabilité durable des relations avec l’ancien ennemi, sitôt la guerre terminée. En Europe aussi, il nous faudra reconstruire une architecture de sécurité aujourd’hui effondrée. C’est, du reste, pour avoir négligé cette tâche,  essentielle à une paix durable, dès les lendemains de la chute de l’Union soviétique -en préférant lancer l’irresponsable extension de l’OTAN, quitte à nourrir le nationalisme russe-  que nous devons, 30 ans plus tard, gérer un désastre anachronique. Il est grand temps d’en tirer les leçons.

25 avril 2024 at 11:19 Laisser un commentaire

COMMENT LES DROITES EUROPÉENNES PRÉPARENT LE 9 JUIN

Pour mesurer la portée politique des tractations en cours parmi les droites du Parlement européen en vue des élections du 9 juin prochain, il faut rappeler quels sont les deux groupes de droite et les deux groupes d’extrême-droite qui y siègent aujourd’hui. Le Parti populaire européen (PPE, actuellement 177 député.es), qui réunit la droite « traditionnelle » (CDU allemande, « Républicains » français, Parti populaire espagnol…) est le groupe politique le plus puissant depuis 20 ans. L’autre groupe de droite, « Renew » (renouveler), regroupe 101 élu.es « libéraux », au premier rang desquels les député.es du parti d’Emmanuel Macron. Quant à l’extrême-droite, elle se répartit entre deux groupes :  « Identité et Démocratie » (59 membres)  -où se côtoient en particulier des partis aussi répugnants que la « Ligue » du vice-président du Conseil italien, Salvini; le RN de Le Pen; l’AfD d’Allemagne; le « Vlaams Belang » belge…-  et le groupe des « Conservateurs et réformistes européens » (CRE, 65 membres) où dominent des formations tout aussi repoussantes, comme les  « Frères d’Italie » de la Présidente du Conseil italien, hier grande admiratrice de Mussolini, Giorgia Meloni; le parti polonais « Droit et Justice », qui vient de perdre le pouvoir à Varsovie; le seul élu du tandem Marion Maréchal Le Pen-Éric Zémour; ou encore Vox, le parti espagnol nostalgique de Franco…L’ultra-droitier dirigeant hongrois Orban veut que ses futurs élu.s rejoignent également ce groupe.

C’est dans ce contexte qu’ont lieu des tractations politiciennes peu reluisantes qui méritent d’être connues. C’est, logiquement, le PPE qui est à la manœuvre. Lors de son récent congrès, il vient d’envisager une « coalition pro-Europe » avec les libéraux et les socialistes ainsi qu’une « collaboration » fondée sur le « pragmatisme », avec des parlementaires « sains »…à la droite de la droite, quitte à les « aider à se distinguer de l’extrême-droite » ! De qui s’agit-il ? D’abord et avant tout des « Frères d’Italie » de Giorgia Meloni ! Rien d’étonnant pour qui a observé, ces derniers mois, comment la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, membre du PPE et candidate à un second mandat, a littéralement courtisé la Première ministre italienne. Ce rapprochement en dit long sur la droitisation à attendre de la part de la majorité parlementaire comme de la future Commission, si les résultats des votes au soir du 9 juin prochain correspondaient aux projections actuelles !  

Un coup d’œil sur le programme électoral du groupe politique européen qui est au cœur de ces manœuvres (le PPE) suffit à comprendre ce qui est en jeu. Ainsi, ses élus estiment que l’Union européenne…en fait trop pour les travailleurs et, en conséquence, « rejettent la bureaucratie sociale européenne tentaculaire »! Même rhétorique en matière de lutte pour le climat, puisqu’ils opposent les priorités du « Pacte vert » européen -défendues jusqu’ici par la Commission elle-même- à la « compétitivité » des entreprises. Par ailleurs, ils accentuent encore leur obsession anti-migrants, en insistant sur l’externalisation des procédures d’asile, la collaboration avec des pays-tiers pour retenir les migrants et accepter les expulsés, ou encore le triplement des effectifs de Frontex pour renforcer les frontières. À quoi s’ajoute une proposition personnelle d’Ursula von der Leyen -elle qui a annoncé vouloir travailler avec des groupes « pro-OTAN »- :  « donner un coup de fouet  à notre industrie de défense » et nommer un commissaire européen (d’Europe de l’Est) spécialement chargé de cette politique…Autant dire qu’il y a lieu de faire mentir les sondages et d’envoyer à Strasbourg des parlementaires de gauche capables de constituer une opposition claire, déterminée et rassembleuse !

14 mars 2024 at 4:40 Laisser un commentaire

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