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EUROPE: LE CRUEL REVELATEUR GREC!

La cruelle épreuve imposée au peuple grec, et, dans une moindre mesure, à de plus en plus d’autres peuples de l’Union européenne, révèle au grand jour tris vérités essentielles qui sont en contradiction totale avec des « certitudes » affichées jusqu’ici, avec leur suffisance habituelle, par les principaux dirigeants européens.

         D’abord, l’appartenance à la zone euro ne préserve nullement un Etat de la rapacité impitoyable des marchés financiers. 

         Il a suffit que l’une des trois « agences de notations » – privées –qui sont chargées par les plus gros « investisseurs » de les mettre en garde contre les risques de défauts de paiements « dégrade la note » de la Grèce pour que ce pays soit littéralement cloué au pilori par les porte paroles monétaires de l’ « Union ».  Tour à tour, MM. Trichet, président de la Banque centrale européenne; Junker, président de l’Eurogroupe – qui réunit les ministres des finances de la zone -; Almunia, commissaire européen aux affaires économique et financières, ont exercé des pressions inouïes sur le gouvernement socialiste tout juste élu pour lui arracher un plan d’austérité sans précédent. 

         Et sans attendre, l’euro ne protège en rien la Grèce contre une mesure de représaille immédiate des « marchés »: elle va devoir payer, pour ses emprunts à 10 ans, un taux d’intérêt…de 70% supérieur au taux de référence – celui dont bénéficie l’Allemagne!  Une mesure qui ne peut qu’enfoncer un peu plus un Etat pris à la gorge.  Certes, le gouvernement (conservateur) « sortant » grec a bien des choses à se reprocher, mais quel « excès », l’Agence de notation, pointe-t-elle en particulier: un système de retraite « extrêmement généreux et non réformé »…  Et d’ailleurs la Grèce n’est pas le seul pays de la zone euro à être dans le collimateur des « marchés ».  Les traders anglo-saxons appellent élégamment « PIGS » (les cochons en anglais!) le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne (Spain) qu’ils entendent surveiller de près…  L’Italie est également citée.  Sans parler des pays baltes ou de la Hongrie – hors zone euro. 

         On voit combien il est décisif qu’une Europe transformée se donne les moyens d’être beaucoup moins dépendante des « marchés » pour financer son développement!  Ce qui repose en particulier la question si décisive d’une réorientation profonde du rôle de la Banque centrale européenne comme celle de l’utilisation de l’arme du crédit bancaire pour influer sur les critères de gestion de entreprises. 

         Le deuxième scandale que révèle le drame imposé au peuple grec – et à tous ceux qui sont confrontés à des problèmes de finances publiques et d’endettement « excessifs », c’est la place de la solidarité que leur réservent les traités européens, de celui de Maastricht à celui de Lisbonne.  Ces textes – comme nous l’avons souvent rappelé -, non seulement ne prévoient pas de mécanisme de secours, mais « INTERDISENT » formellement à l’Union ou à un Etat membre de voler au secours d’un autre Etat de la zone Euro! (Article 125 du Traité).  Cette disposition encourage aujourd’hui les « investisseurs » – ceux-là même qui, avec leurs « agences de notation » ont poussé l’économie mondiale au bord de l’abîme il y a un an – à se défier si brutalement de la Grèce.  Au point que, la zone euro risque d’éclater.  C’est la crainte d’un tel clash – qui éclabousserait toute l’ « Union » monétaire – qui conduit ses dirigeants à laisser entendre qu’ils violeraient, le cas échéant, leur propre traité, pour éviter le pire.  Ils accepteraient de repêcher un Etat défaillant: mais alors, gare à la facture pour le peuple concerné!  Vive le – si chèrement acquis – traité de Lisbonne. 

         La troisième évidence que rappelle cette affaire gravissime – qui ne fait que commencer -, c’est qu’à l’opposé de toutes les annonces officielles de la dernière période, la crise du système n’est pas « derrière nous »!  Le pire, en la matière, est l’auto-intoxication de nos dirigeants: le 10 décembre dernier, les chefs d’Etat et de gouvernements étaient réunis à Bruxelles pour décider des modalités de « sortie de crise ».  Les « marchés » leur ont fait promptement changer d’ordre du jour…

Chronique pour l’H.D.

13/12/2009

23 mars 2010 at 3:50 Laisser un commentaire

« TRIBUNAL RUSSELL » : JUSTICE POUR LA PALESTINE !

Du 1er au 3 mars s’est tenue, à Barcelone, la première audience internationale du « Tribunal Russell » sur la Palestine.  Une initiative hautement intéressante comme on va le voir.  C’est en 1967, à l’initiative de Lord Russell, Prix Nobel, qu’était née l’idée de faire, avec l’aide de juristes de renom et de grands témoins, le procès public des responsables de la guerre du Vietnam.  Cette mise à nu rigoureuse et professionnelle des violations du droit international par un Etat réputé intouchable avait eu beaucoup d’échos.  Il est donc particulièrement bienvenu qu’à l’appel, notamment, de notre amie Leila Shahid – ambassadrice de Palestine auprès de l’Union européenne – et de la courageuse lauréate israélienne du Prix Sakharov (décerné il y a neuf ans par le Parlement européen sur proposition de notre groupe de la Gauche unitaire européenne), Nurit Pelet, ce type de mobilisation soit renouvelé : cette fois sur la Palestine. 

        

Dans le prestigieux immeuble de l’ordre des avocats de la capitale catalane se sont ainsi retrouvés, devant un public nombreux – et avec retransmission en direct à la télévision et sur internet -, le jury composé de 8 éminentes personnalités (anciens prix Nobel, ambassadeurs, ministres, magistrats de haut rang…d’Europe, d’Afrique et des Etats-Unis); 9 experts juridiques et judiciaires (dont un avocat israélien) appelés à éclairer le tribunal ainsi qu’une dizaine de « grands témoins », qualifiés de par leurs expériences au Proche Orient pour s’exprimer sur le sujet.  Chaque expert comme chaque témoin devait présenter sa part de vérité pendant vingt minutes puis répondre à un feu roulant de questions du jury.  Remarquable. 

         On a ainsi entendu, par exemple, que la France et l’Allemagne vendaient des armes à Israël, en violation ouverte d’une décision commune des 27 pays de l’Union européenne, prise en 2008 et relative à l’exportation d’armements à destination de pays qui ne respectent pas les accords internationaux et se rendent coupables d’atteintes aux droits humains.  On a appris que, durant la seule opération militaire « Plomb durci » contre Gaza, en décembre 2008, l’armée israélienne a détruit des installations construites grâce à des fonds européens d’un montant de plus de 12 millions d’euros sans que l’UE n’exige la moindre réparation.  De nombreux cas de « complicité passive » des dirigeants européens avec les politiques illégales d’Israël ont été relevés, la Commission de Bruxelles allant jusqu’à se désolidariser brutalement de son représentant sur place qui venait de désigner – fort justement !- la colonisation comme « l’obstacle principal » à la solution des problèmes ! 

 

         Un accent particulier a été mis sur l’arrêt de la Cour internationale de Justice de  juillet 2004 qui avait souligné que le Mur violait triplement le droit international : en remettant en cause le droit à l’autodétermination du peuple palestinien ; en confisquant des terres par la force ; et en transgressant le droit humanitaire international, en particulier la 4ème Convention de Genève de 1949. 

         Un ancien officier supérieur, membre de la Commission des Nations Unies qui a produit le Rapport Goldstone – établissant que l’armée israélienne avait commis des « crimes de guerre » à Gaza il y un peu plus d’un an-, a apporté des informations terrifiantes sur l’utilisation du phosphore blanc –  400 000 récipients, en quelques jours, de « ce produit toxique qui abîme définitivement l’appareil respiratoire de ceux qui en inspirent la fumée, en particulier les enfants, attirés par son odeur et ses petites flammes »! 

         Telle autre jeune femme, qui avait participé, à titre bénévole, aux services médicaux durant les massacres, a restitué pour le Tribunal les attaques de drones israéliens contre les ambulances, tuant une femme enceinte ainsi que l’équipe de sauvetage !  « Pourquoi les Etats du Conseil de Sécurité ne réagissent-ils pas à une telle escalade ? – s’est-elle écriée. Il faut que de tels actes coûtent à Israël ! » 

         Dans ses conclusions, le tribunal, unanimement, est allé dans ce sens en « appelant l’Union européenne et chacun de ses Etats membres à imposer les nécessaires sanctions » à Israël afin de « mettre un terme à l’impunité dont il a joui depuis des décennies. » 

         Voilà un acte fort qui mérite d’être largement popularisé par quiconque a à cœur le simple respect du droit international par tous les Etats.  Sans aucune exception.

Pour lire mon rapport au tribunal cliquez ici

 

17 mars 2010 at 11:41 Laisser un commentaire

EUROPE: DE NOUVEAUX POSTES, MAIS POUR QUEL PROJET?

J’ai évoqué, la semaine dernière,  la portée potentielle des nouveaux postes européens institués par le traité de Lisbonne: le « Président du Conseil européen » et « Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité ».  Ces deux « innovations » sont naturellement saluées par les avocats impénitents de l’actuelle construction européenne comme les solutions-miracles à la crise que celle-ci traverse.  Grâce à elles, l’Union européenne cessera d’être un « nain politique » et pourra se mesurer aux grands acteurs du système international: les Etats-Unis ou les puissances émergentes!  Enfin, il deviendra possible de vaincre les « égoïsmes nationaux » pour affirmer une grande ambition authentiquement européenne!  A présent « dotée d’un visage et d’une voix », l’Union sera à même de « raviver la flamme européenne » parmi ses citoyens aujourd’hui désabusés…  N’en jetez plus, la cour est pleine! 

Revenons sur Terre.  Si désenchantement il y a, c’est du fait de la fuite en avant des politiques européennes dans une optique de plus en plus éloignée des aspirations des gens, en matière d’emploi, de service public, d’activité productive, de maitrise des circuits financiers…  C’est aussi parce que des centres de décision essentiels sont de plus en plus inaccessibles aux citoyens, aux élus, voire aux gouvernements – hormis celui des « grands pays ».  La désaffection vis à vis de l’Union est enfin due à l’absence d’une volonté politique conséquente face à des enjeux primordiaux du monde, à notre époque: Durant les huit longues années du règne du Président Bush, qu’a fait l’Europe pour contrer la folie guerrière des Etats-Unis en Irak ou en Afghanistan?  Quel rôle joue l’Union en faveur  d’une paix juste au Proche Orient?  Ou au service du désarmement?  Ou pour résoudre le scandale du sous-développement et s’attaquer aux causes et non aux victimes des migrations de survie?  Quant à l’image flatteuse qu’elle a tenté de se forger sur les enjeux climatiques, elle se lézarde au fur et à mesure qu’approche l’échéance des décisions concrètes, à la Conférence de Copenhague.  C’est là un problème de projet politique avant d’être une question institutionnelle.  Or, sur le projet, les dirigeants européens ne sont guère loquaces. 

Il n’y a finalement, en matière de « politique étrangère et de sécurité », qu’un domaine pour lequel les traités successifs affichent une ambition claire en même temps qu’ils créent les instruments qui y correspondent.  C’est celui de l’ « Europe de la défense ».  Et quelle ambition! 

          Les « innovations » du traité de Lisbonne à cet égard sont significatives.  Ainsi, les « missions » de la « politique de sécurité et de défense commune » y sont sensiblement élargies par rapport à ce qu’elles étaient jusqu’ici.  Elles comportent désormais de bien suspectes « missions de conseil et d’assistance militaire »; « missions de forces de combat »; « missions de sanction militaire à des Etats tiers pour combattre le terrorisme sure leur propre territoire » (Voyez l’Afghanistan…).  Dans cet esprit, les Etats même « s’engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires »; une « Agence européenne de défense » prévue dans Lisbonne, a d’ailleurs d’ores et déjà, été instituée.  « pour préserver les valeurs de l’Union et servir ses intérêts » (sic), le Conseil peut désormais confier « à un groupe d’Etats » remplissant des « critères plus élevés de capacités militaires » les « missions les plus exigeantes ».  Ces Etats « établissent une coopération structurée permanente dans le cadre de l’Union ».  Etant naturellement entendu que « la politique de l’Union (…) est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans (le) cadre de l’OTAN ».  Fermez le ban! 

C’est cette politique-là que les titulaires des « nouveaux postes européens » sont appelés à promouvoir, en coopération étroite avec les principaux Etats.  Il me semble qu’au lendemain de la chute du Mur de Berlin, on nous avait annoncé un monde pacifié et le triomphe de la coopération multilatérale.  Ce monde nouveau reste à construire mais le chemin pour s’en approcher ne passe décidément pas par Lisbonne…

Chronique pour l’H.D.

(publication 12/11/2009)

12 novembre 2009 at 5:04 Laisser un commentaire

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