REPONSE A UN AMI INTERNAUTE
17 décembre 2010 at 1:52 Laisser un commentaire
Lors de la « Rencontre nationale pour un programme populaire et partagé » organisée récemment par le Parti communiste – et qui fut, deux jours durant, relayée par Mediapart -, différentes interventions ont suscité des réactions d’internautes (Ils étaient quelque … 6000 à suivre les travaux en direct!) Parmi celles qui concernaient la contribution que j’y avais faite sur le thème « une politique de gauche est-elle possible à partir des réalités de l’Europe et du monde d’aujourd’hui? », une interpellation portait sur la conclusion de mon exposé: « Imaginons – avais-je dit – un gouvernement de gauche, en France, porté par un mouvement citoyen averti, qui déciderait, dans le contexte de crise actuel, de prendre le taureau par les cornes en ouvrant en grand le débat à l’échelle de l’Europe sur ce qui ne peut plus durer, sur ce qui doit changer! Croyez-vous qu’il n’y aurait pas de réactions de la part des peuples en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande et y compris en Allemagne? Quel beau défi! »
Un internaute sur Mediapart, après s’être réjoui d’une perspective de cette nature, fit part de « trois doutes, quand même ». Ils me paraissent mériter qu’on s’y arrête collectivement, car ils touchent à des questions stratégiques inédites, particulièrement bienvenues dans une période de réflexion sur un « programme populaire et partagé ».
Premier « doute »: « on luttera contre le libre-échange, la libre circulation des capitaux, le système financier français libéralisé, seulement si nos partenaires européens sont d’accord pour le faire avec nous? » Ma suggestion visait explicitement à décider nous-mêmes d’ « ouvrir en grand le débat à l’échelle de l’Europe » en misant sur le fait qu’une telle initiative de la part d’un « gouvernement de gauche porté par un mouvement citoyen averti » libérerait des forces populaires dans nombre d’autres pays européens, rendant, de fait, le débat de fond incontournable à l’échelle des institutions aujourd’hui plongées dans une crise existentielle. Autrement dit, oui, la lutte devrait s’engager, indépendamment de ce qu’en pensent les autres dirigeants européens. Mais en même temps, cette lutte doit viser à gagner à l’action commune des mouvements populaires et des forces progressistes d’autres pays. Car il faut, pour changer, construire un rapport de forces politique conséquent – mais que la profondeur de la crise rend aujourd’hui plus envisageable que jamais.
Deuxième question: « quel projet alternatif d’Union européenne pourrait être celui d’une institution démocratique? » On ne répond pas à une telle interrogation en quelques lignes. Nous y reviendrons donc. Disons simplement qu’une transformation essentielle à cet égard doit être la reconnaissance de la souveraineté populaire dans le processus de prise de décision européen. Ce principe central est aujourd’hui nié par l’existence de centres de décisions majeurs – telle la Banque centrale européenne – totalement inaccessibles à toute instance émanant des citoyens; par la mise sous tutelle d’Etats en difficulté financière ou la prétention de la Commission de contrôler les budgets préalablement à leur examen par les parlements nationaux, et plus généralement par le contenu des traités qui imposent un modèle de développement (libéral), privant ainsi les peuples d’un choix démocratique fondamental.
Troisième interrogation: « Comment la France hausse-t-elle le ton si elle n’est pas écoutée? Menace-t-elle de sortir de l’UE. D’autre chose? Rien du tout? » Voilà un beau sujet pour une (très) prochaine chronique.
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