AU FAIT, DE QUEL « OBJECTIF DE 3% » PARLE-T-ON ?
23 octobre 2014 at 12:48 Laisser un commentaire
« 3% » : ce chiffre mythique est en passe de remplacer la devise de la République dans les discours officiels ! Ces jours-ci, la seule question qui vaille serait de savoir si « Bruxelles » accepte -et à quelles conditions- de reporter jusqu’à 2017 le délai permettant de ramener à cette part des richesses nationales les déficits publics du pays. Tour à tour, le ministre des finances, le Premier ministre et le Président lui-même plaident l’indulgence auprès des principaux responsables européens, tout en approuvant le principe de ce « tabou » au nom de la préservation des intérêts des « générations futures ».
En revanche, il y a, dans les textes européens, une autre référence aux « 3% » des richesses nationales (PIB) dont la France , pas plus que la majorité des autres États membres de l’Union européenne (UE), ne semblent guère se soucier. Et pourtant, il s’agit vraiment, là, pour le coup, d’un enjeu essentiel pour les « générations futures »! C’est le montant des dépenses à consacrer chaque année à la recherche -une dépense d’avenir s’il en est !
Les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE s’étaient pourtant solennellement engagés à faire en sorte qu’en l’espace de dix ans (!) les dépenses annuelles de recherche et développement passent d’un peu moins de 2% en moyenne à 3% des richesses de chaque pays -un tiers de ces dépenses devant provenir des finances publiques et deux tiers des entreprises. C’était en 2000, dans le cadre de la « Stratégie de Lisbonne » censée permettre « que l’Europe devienne en 2010 l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ». Dix ans plus tard, les « 27 » stagnaient toujours à un peu plus de 2% en moyenne. L’objectif des 3% fut donc fermement confirmé ,mais avec un délai rallongé …de 10 ans : 2020. Comme quoi, la « discipline » est plus « cool » pour la recherche que pour les déficits !
Où en sommes-nous depuis ce report ? Pas loin, à l’exception des pays scandinaves (Finlande, Danemark, Suède) qui, eux, ont déjà dépassé le seuil des 3% du PIB consacrés à la recherche ! L’Allemagne n’en est pas loin, à 2,9%. L’Autriche suit de peu. La France , pour une fois,… n’imite pas l’exemple allemand et stagne à 2,25% . Les autres pays membres, c’est pire. C’est ainsi que l’Union européenne accentue son retard et compromet son avenir, tandis que la Chine, l’Inde, le Japon , la Corée et les États-Unis investissent massivement dans ce secteur. La France , qui « pointait » à la troisième place dans le monde à cet égard en 1970, puis à la cinquième en 1985 et encore à la septième au milieu des années 90, est aujourd’hui au quinzième rang. Et le fait qu’elle distance encore la majorité de ses voisins européens ne doit nullement la consoler, mais plutôt la faire réfléchir au mal qui ronge cette « Europe »…
C’est dire si la lettre ouverte que plus de 700 directeurs de laboratoires de recherche (CNRS, INSERM, INRA, IRD…) viennent d’adresser au Président de la République pour tirer le signal d’alarme et demander un plan d’urgence de recrutement est légitime! Comme l’est également leur exigence d’une réforme du « Crédit d’Impôt Recherche » -scandaleux cadeau de 6 milliards d’euros par an aux entreprises, dont les dirigeants sont, pour beaucoup d’entre eux, grands co-responsables de ce déclin. Avec ces chercheurs en lutte, nous sommes convaincus que « notre système de recherche et d’enseignement supérieur est un bien commun qu’il convient de développer pour contribuer au développement économique, social et culturel de notre pays ».
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