NOUVELLE DONNE AU PROCHE-ORIENT!
5 mai 2011 at 8:20 1 commentaire
Enfin de bonnes nouvelles de Palestine! On sentait depuis quelques temps Mahmoud Abbas manifestement décidé à tirer les leçons de l’autisme des dirigeants israéliens et de la capitulation de la Maison Blanche face à Netanyahou. Le Président de l’Autorité palestinienne et son brillant Premier Ministre, Salam Fayad, ont bel et bien repris l’initiative. En sortant enfin d’un statu quo intenable et humiliant, ils ont surpris tout le monde et placé tant Israël que le « Quartet » (USA, Union européenne, Russie et ONU) devant leurs responsabilités. Déjà, ils avaient fait le choix stratégique de porter devant les Nations Unies, en septembre prochain, la demande de la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967. Il vient de s’y ajouter cet accord de « réconciliation » totalement inattendu entre le Fatah et le Hamas, prévoyant la formation d’un gouvernement transitoire et la préparation, pour dans un an, d’élections présidentielles et législatives.
Comment un tel résultat a-t-il pu être obtenu alors même que les divergences sont – et demeurent – très profondes entre les deux principaux courants du mouvement palestinien? Voilà encore une manifestation du « printemps arabe », et en particulier un nouvel « effet place Tahrir ». Le 12 mars dernier, les jeunes Gazaouis étaient descendus massivement dans la rue pour exiger la réunification du peuple palestinien. Dès le lendemain, le Président Abbas avait saisi la balle au bond, se déclarant prêt à se rendre à Gaza « dès demain ». Le Hamas, en perte de vitesse, ne put ignorer la montée de cette exigence de rapprochement. Son leader, Khaled Mechaal, réfugié en Syrie, est également rendu plus enclin au dialogue par l’instabilité croissante du régime à Damas. Les nouvelles autorités égyptiennes, de leur côté, entendent montrer leur capacité à faire bouger une situation bloquée sous leur prédécesseur. Dans ce contexte, l’improbable est devenu réalité. Un nouvel espoir est né.
Attention, cependant, à ne pas sous-estimer les énormes pressions en cours, visant à faire échouer le plan palestinien! Israël fulmine. Netanyahou s’apprête à prononcer un discours vengeur devant…le Congrès américain, à l’invitation du Parti Républicain – ce qui ne manquera pas de peser sur la position d’un Obama déjà peu enclin à résister aux pressions dans ce domaine. Shimon Pérès annonce la couleur: « le monde ne peut pas soutenir l’établissement d’un Etat en partie gouverné par une organisation terroriste ». Peu lui importe qu’il ait été clairement annoncé que le gouvernement palestinien de transition ne comprendra que des « experts » affiliés à aucun parti. Heureusement, d’autres voix s’expriment-elles en Israël, en faveur d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 – et parmi elles, celle de 17 personnalités lauréates du « Prix Israël », la plus haute distinction culturelle et scientifique du pays.
Quant à l’Union européenne, à l’heure où ces lignes sont écrites, elle n’a pas pris position sur cette nouvelle donne au Proche Orient. Rappelons le précédent de 2007: déjà le président Abbas, grâce au prestige de Marwan Barghouti, prisonnier des Israéliens, auprès de la jeunesse palestinien, avait réussi à mettre sur pied un gouvernement d’unité nationale. L’Union européenne refusa de le reconnaitre, contribuant au tour dramatique que prit la situation dans la région. Saura-t-elle tirer les enseignements de cette erreur fatale et jouer, cette fois, le rôle qu’on attend d’un grand acteur mondial en faveur de la justice et de la paix?
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1.
Simon Jacqueline | 10 mai 2011 à 8:55
Inutile de pleurer sur le sort de Marwan Barghouti. Jamais un prisonnier n’a été aussi bien traité avec un tel accès aux médias. Tout criminel qu’il est, ses talents n’ont pas échappé au pouvoir israélien ; ils le gardent simplement en réserve pour le jour où il sera plus utile dehors qu’en prison.