AU SECOURS : UNE « PRO-RUSSE » À BRUXELLES !
5 septembre 2014 at 5:56 Laisser un commentaire
Un nouveau psychodrame vient de se conclure à Bruxelles par une double nomination en forme de jugement de Salomon : à la tête de la diplomatie européenne, une femme soutenue par les gouvernements socialistes et affublée de l’étiquette réputée infamante de « pro-russe » par des ultras d’ Europe orientale ; à la présidence du Conseil européen, un homme adoubé par les dirigeants de droite et connu pour son atlantisme militant et son prisme anti-Kremlin. Un à un : la balle au centre, pourrait-on se dire. La réalité est plus préoccupante . Retour sur un bras de fer qui mérite attention.
Tout commence avec la candidature de la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini (41 ans), au poste aujourd’hui occupé par Lady Ashton, dont le mandat s’achève en octobre prochain. Immédiatement, une fronde allant des plus hauts responsables politiques baltes à la mouvance berlusconienne d’Italie s’organise pour bloquer net cette proposition. Or -quoiqu’on puisse penser par ailleurs des compétences de la diplomate italienne pour la fonction convoitée- les « arguments » avancés par ses détracteurs pour la disqualifier laissent pantois et sont révélateurs d’un courant politique qui se structure dangereusement au sommet de l’Union européenne.
Ainsi, la presse de droite de son propre pays n’a pas hésité à exhumer une vieille photo montrant la jeune Federica au côté de Yasser Arafat ! Voilà qui devait achever de la discréditer dans la course à la désignation de la future « Haute Représentante aux Affaires étrangères et à la sécurité » de l’Union européenne . Plus récemment , ses chances semblaient encore plus compromises après ses déclarations non « politiquement correctes » quelques jours à peine avant la première réunion au sommet censée se prononcer sur son cas. Participant , à l’ambassade de France à Rome, aux festivités du 14 juillet -attitude probablement suspecte en elle-même pour ses adversaires- elle a chaleureusement loué l’ « amitié franco-italienne », souligné « la centralité méditerranéenne » qui unit nos deux pays, et même suggéré de « faire passer le message à l’Europe du Nord et de l’Est » !
Mais tout cela n’était rien à côté de la pire perversité que puisse concevoir une certaine « élite » d’Europe orientale : passer pour « russophile » ! « Nous constatons maintenant que certains candidats expriment très ouvertement leurs opinions pro-Kremlin , (ce qui est) inacceptable » avait ainsi claironné Dalia Grybauskaité , la Présidente de la Lituanie. Pas moins de 11 gouvernements sur 28 se liguèrent contre la ministre italienne ! Son crime ? Avoir notamment osé écrire sur son blog que « la crise ukrainienne se prête à diverses lectures (dont) chacune a son fond de vérité » -une position somme toute nuancée, que partagent nombre de responsables politiques et d’experts, y compris dans l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
Le compromis finalement trouvé au sommet de Bruxelles de samedi dernier laisse entière l’hypothèque que ce lobby des nostalgiques de la guerre froide fait peser sur les décisions que les dirigeants européens vont avoir à prendre face à la très dangereuse crise ukrainienne : jeter de l’huile sur le feu ou peser en faveur des indispensables négociations. Qu’en pensent les autorités de la France ?
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LE CRÉPUSCULE DES « VALEURS » DE L’ OCCIDENT APRÈS L’UKRAINE , QUELLE SÉCURITÉ EUROPÉENNE ?
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