REGAIN DE GUERRE ÉCONOMIQUE DE WASHINGTON CONTRE l’UE !
3 août 2017 at 9:10 3 commentaires
Depuis une dizaine d’années, les Etats-Unis multiplient les cas d’application extra-territoriale de lois internes pour sanctionner des sociétés étrangères -de préférence européennes- accusées de contrecarrer leur stratégie ou de nuire à leurs intérêts. On se souvient de l’amende-record ainsi infligée par Washington à BNP-Paribas en 2014 pour avoir consenti à financer des investissements européens en Iran et à Cuba, deux pays sous embargo…américain ! Raison invoquée : les paiements ayant été effectués en dollars, cela revenait à violer le blocus décidé par les USA. On ne compte plus les entreprises européennes qui ont eu à répondre à des convocations de la justice des Etats-Unis pour des relations commerciales avec des pays tiers qui déplaisaient aux lobbies outre-Atlantique. Qu’elles refusent de se soumettre au diktat de Washington et elles sont bannies du marché américain. Les pénalités ainsi imposées sont si exorbitantes que bien des sociétés européennes préfèrent renoncer à des contrats risquant de déclencher la machine judiciaire américaine. Le dirigeant d’une PME française, de retour de Téhéran, a même été préventivement convoqué à l’ambassade des Etats-Unis à Paris où il a été mis en garde contre un excès d’investissements en Iran, qui pourrait l’empêcher à l’avenir d’exporter outre-Atlantique ! Intimidations, inculpations, sanctions -parfaitement illicites au regard du droit international- tendent à se banaliser sans réaction autre que verbale de la part de l’Union européenne à cette stratégie de domination de son principal « partenaire ». Encouragé par cette pusillanimité, le Congrès des Etats-Unis vient de dépasser ses propres bornes.
Sous couvert de nouvelles sanctions économiques censées « punir » la Russie -une stratégie par ailleurs irresponsable sur le plan diplomatique- , les parlementaires américains ont demandé que des amendes soient infligées… à toutes les entreprises participant aux exportations énergétiques russes. Principale cible : le projet de gazoduc « North Stream 2 » devant relier la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique. Ce gigantesque chantier (9,5 milliards d’euros) , destiné à doubler les capacités du pipe-line « North Stream 1 » (en service depuis 2012) doit être lancé l’an prochain. Il implique des groupes tels le Français Engie, l’Allemand BASF ou l’Anglo-néerlandais Shell, associés au Russe Gasprom. Le raisonnement américain est simple : plutôt que de se voir livrer le gaz russe, l’UE doit plutôt acheter du gaz de schistes aux Etats-Unis . Le Congrès US « s’oppose » donc au projet européen. Il en va, selon lui, de « la sécurité énergétique de l’Europe »!
Face à cette guerre économique déclenchée par son « allié » privilégié, l’UE proteste mais reste jusqu’ici inerte face à ce défi stratégique. Une note interne à la Commission européenne souligne pourtant que ces sanctions unilatérales pourraient « impacter beaucoup d’entreprises européennes traitant en toute légitimité avec des entreprises russes dans les transports ferrés et maritimes, la finance ou le secteur minier ». Il est vrai que Washington dispose dans l’Union européenne d’une véritable « cinquième colonne » avec (outre Londres) les gouvernements polonais et baltes, surtout s’il s’agit d’alimenter les tensions avec la Russie…Le Congrès US espère qu’il pourra compter sur eux pour bloquer toute décision d’envergure des « 28 » . De quoi justifier une réflexion de fond sur ce que les pays membres d’une « Union » digne de ce nom décident de faire ensemble .
Entry filed under: Cuba, Etats-Unis, Russie, UE, USA.
3 commentaires Add your own
Répondre à Robert Loiseau Annuler la réponse.
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed
1.
Jean Yves | 3 août 2017 à 9:49
2- Ceci souligne l’urgence de s’orienter vers un approvisionnement (et donc de produire) en énergie non fossile.
.
Nous ne pouvons pas être placé dans l’unique alternative d’être dépendante d’un Etat délinquant (la Russie, parce qu’elle dispose d’excédents de gaz et entend saisir l’opportunité pour elle du réchauffement de l’atmosphère pour augmenter sa puissance au détriment du monde entier) ou d’un Etat agissant dans son seul intérêt là encore au détriment du monde entier en produisant des gaz de schistes marquant ainsi une indifférence au sort de la planète en augmentant son empreinte écologique.
.
Il est dans l’intérêt de l’Europe de s’orienter à la plus vive allure possible vers la 1 ère ressource d’énergie, les économies d’énergie, et la production d’énergie solaire, éolienne et plus tard géothermique,.
C’est la seule solution pour:
– répondre aux défis de notre temps en apportant notre contribution positive au développement du monde entier, dont un des sous- produits est une influence élargie en tant que puissance.
– ne pas dépendre de choix entre la soumission à tel ou tel impérialisme.
2.
Robert Loiseau | 3 août 2017 à 1:15
Plusieurs options sont possibles , se servir de l’€ dans les échanges internationaux ou créer une monnaie spéciale pour ces échanges , ou encore sortir de l’Europe si celle -ci ne veut pas lutter contre l ‘hégémonie u s
3.
Jean Claude Chailley | 3 août 2017 à 2:44
Bien d’accord avec Francis. Les « sanctions » que se permettent d’infliger les USA (de quel droit ?) contre la Russie, la Chine, l’Iran, et indirectement contre tous les pays de l’Union européenne et du monde entier, ressortent de la guerre commerciale, accompagnée d’intimidations militaires vis à vis de la Russie, de la Chine, de l’Iran et de la Chine.
Danger !