« CONFÉRENCE SUR L’AVENIR DE L’EUROPE » : EN ÊTRE OU PAS ?
3 avril 2021 at 5:52 Laisser un commentaire
Le 9 mai prochain sera lancée, au siège du Parlement européen, à Strasbourg, la « Conférence sur l’avenir de l’Europe » . Il s’agit d’une idée d’Emmanuel Macron, que les « 27 » ont reprise à leur compte.
Pendant un an seront ainsi organisés, dans tous les pays membres, des débats -dans un premier temps en visioconférence- ouverts à toutes et à tous. Pour tenter de regagner la confiance des citoyennes et des citoyens, l’Union européenne dit vouloir connaître -« sans tabou »- tant leurs critiques que leurs propositions. Les conclusions de cette consultation géante seront tirées dans un an .
Le hasard n’est évidemment pour rien dans le fait que la partie la plus médiatique de cette initiative -et notamment le moment où en seront tirées publiquement les conclusions- coïncidera avec le semestre de… »présidence française de l’Union européenne » (janvier-juillet 2022). Mieux, la clôture de la Conférence est prévue 9 mai 2022, en plein second tour de l’élection présidentielle ! Cela tombe décidément bien pour le Président-candidat , qui a décidé de faire de « l’Europe », le thème central de sa campagne…
Faut-il, pour autant, pour ce qui concerne la « gauche critique », bouder cette Conférence, voire considérer que, l’ « Europe » ayant mauvaise presse, il ne serait guère important de s’appesantir sur cette dimension de la bataille politique à venir ? Ce serait, à mes yeux, une grave erreur. Les thèmes aujourd’hui mis en avant par l’Union européenne, ne peuvent être balayés d’un revers de main : « le Pacte vert »; la « transition numérique »; la « souveraineté de l’Europe face aux géants américains et chinois »; le « salaire minimum européen »; « l’Etat de droit »; « la protection des frontières extérieures »… Chacun de ces enjeux appelle au contraire une analyse fine, permettant de mettre au jour à la fois ses aspects positifs, ses limites, ses contradictions et, le cas échéant, ses effets pervers.
Si la « gauche critique » négligeait les occasions qui vont se présenter d’approfondir tous ces vrais sujets, elle laisserait s’installer un véritable piège politique : celui d’enfermer le débat dans un choix binaire , simpliste sinon caricatural : pour ou contre « l’Europe ».
Du pain bénit pour Macron et…Le Pen. D’un côté, seraient mis en valeur les discours sur l’Europe -souvent habiles- du premier. De l’autre, tous les mécontents de l’Europe actuelle se feraient draguer par la seconde. Empêcher ce piège grossier de fonctionner est, à mon sens, le grand défi à relever durant les mois à venir par ce que j’appelle la « gauche critique » -qui peut se reconnaître dans différentes formations politiques, organisations syndicales, ou mouvements associatifs. Puisse-t-elle être à l’initiative, face aux deux protagonistes de ce piège, pour démystifier le discours trompeur de l’un sans prêter, si peu que ce soit, le flanc à la démagogie mortifère de l’autre !
Autrement dit, en préférant l’argument au slogan, la réflexion au réflexe et une vision alternative au rejet pur et simple . Cela se prépare dès maintenant.
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