FACE A LA CHINE, L’ UE VEUT « SES » ROUTES DE LA SOIE
10 décembre 2021 at 7:39 1 commentaire
La Commission européenne vient de lancer le Global Gateway (Portail mondial), un ambitieux projet d’aide au développement en direction des pays du Sud. Pas moins de 300 milliards d’euros sont censés y être consacrés tout au long des 6 prochaines années. Ils financeront des investissements destinés à la construction d’ infrastructures dans les domaines les plus variés : les transports, l’énergie, le numérique, le climat, l’éducation, la recherche…À première vue, on ne peut qu’applaudir à un tel assaut de générosité des 27 Etats membres ! Et pourtant…
D’abord, il y a le contexte géopolitique: le bras de fer avec la Chine, dont les « Nouvelles routes de la soie » -et l’influence qu’en tire Pékin dans les pays en développement- intriguent les pays occidentaux depuis leur lancement en 2013. La principale sinon la seule finalité de ce grand projet de l’UE est de contrer son « rival systémique ». N’aurait-il pas mieux valu discuter des conditions d’une coopération responsable et à grande échelle entre ces deux acteurs majeurs des relations internationales ? Impossible, argumente Bruxelles : « Nous voulons des projets qui soient mis en œuvre avec un haut niveau de transparence, de bonne gouvernance et de qualité », l’Europe étant « guidée par ses valeurs ». Sous-entendu : tout l’inverse du projet chinois. De fait, à côté de nombreuses louanges, les « Nouvelles routes de la soie » ont également suscité des critiques légitimes (Sri Lanka, RDC, Monténégro…) : notamment, celle du « piège de la dette » pour plusieurs pays pauvres, ainsi que celle de cas de corruption ou de négligences environnementales -des tares au demeurant reconnues par les autorités chinoises, qui se sont engagées à y remédier .
Ces limites réelles du plan chinois font-ils du contre-projet européen l’ « alternative » vertueuse annoncée ? L’expérience des relations Europe-Sud permet d’en douter. Les pays d’Afrique subsaharienne n’ont certainement pas oublié le forcing exercé par l’UE pour leur imposer les « Accords de partenariat économique », autrement dit des accords de libre-échange entre le pot de terre et le pot de fer, censés faire reculer la pauvreté ! Ils devaient permettre aux pays pauvres de profiter des « bienfaits » de la mondialisation libérale ! On peut craindre que le Global Gateway suive la même logique Qu’on en juge : « Le plan européen mêle des financements privés et publics » annonce le site d’information « Toute l’Europe » ; « Pour les entreprises européennes, ce plan pourrait signifier des opportunités importantes d’investissements dans des projets d’infrastructures massifs et d’accès aux matières premières et énergétiques » note le journal belge « L’Echo »; « Avec cette aide, Global Gateway espère également diffuser la technologie et l’expertise européennes dans les pays en développement » rapporte la radio allemande Deutsche Welle…On peut imaginer meilleure émulation qualitative entre les deux projets…
Il n’y a pas de bonne stratégie de domination : la volonté hégémonique est à proscrire d’où qu’elle vienne . A l’inverse, une coopération responsable entre Chine et Europe seraient à même de répondre positivement à l’immense besoin d’infrastructures du développement dans les pays du Sud. Et de donner un horizon à une humanité qui a perdu l’espoir.
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1.
VISINE PascalR | 12 décembre 2021 à 2:00
Excellent tour d’horizon même si le bilan et le panoramane sont pas réjouissants… Il nous reste à construire une hypothèse communiste crédible à hauteur des défis mondiaux ! Retroussons nos manches, sous couler dans la Manche !